Les regards se tournent vers l’un des hommes les plus influents du Soudan du Sud. Visé par des accusations de trahison, le vice-président Riek Machar se retrouve au cœur d’une tempête politique et judiciaire.
Sa situation a poussé Amnesty International a exhorté, vendredi 12 septembre 2025, les autorités sud-soudanaises à garantir un procès public et transparent à l’opposant, inculpé de trahison et de plusieurs autres crimes graves. En effet, l’ONG met en garde contre les risques de dérive politique et d’atteinte aux droits fondamentaux.
Et pour cause, la veille, le président Salva Kiir avait annoncé la suspension de Riek Machar de ses fonctions de premier vice-président. Une décision qui met ainsi fin au gouvernement transitoire d’unité qui avait jusqu’ici permis d’éviter un retour à la guerre civile.
Cette décision intervient alors que l’opposant et sept de ses proches sont poursuivis pour trahison, meurtre, conspiration, terrorisme, destruction de biens publics et crimes contre l’humanité.
Depuis mars, Riek Machar et son épouse sont maintenus en résidence surveillée. Leur isolement suscite des inquiétudes croissantes quant à leur santé et leur sécurité, d’autant que l’opposant n’est pas apparu en public depuis plusieurs mois.
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Les charges retenues découlent d’une attaque meurtrière en mars, attribuée à une milice surnommée « l’armée blanche », qui aurait pris d’assaut une garnison gouvernementale à Nasir, dans l’État du Haut-Nil. Le ministère de la Justice accuse Riek Machar et ses alliés d’avoir orchestré l’opération via des « structures militaires et politiques coordonnées ».
Pour son camp, ces poursuites s’apparentent plutôt à une manœuvre politique. « Nous ne savons pas à quel point il est sûr », a déclaré Pal Mai Deng, porte-parole du Mouvement populaire de libération du Soudan-In et ancien ministre de l’Eau. Ce dernier dénonce l’absence d’accès à des avocats ou à des observateurs indépendants.
Par ailleurs, les analystes redoutent une nouvelle escalade. Daniel Akech, de l’International Crisis Group, estime que l’affaire ressemble à « un prétexte pour une lutte de pouvoir », susceptible de raviver les fractures ethniques entre Dinka, groupe de Kiir, et Nuer, celui de Machar.
Les élections prévues par l’accord de paix de 2018 ont déjà été reportées à plusieurs reprises. Pour de nombreux observateurs, la mise en accusation de Riek Machar pourrait fragiliser encore davantage le processus de paix et replonger le plus jeune État du monde dans la spirale de la guerre civile.
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