vendredi 13 juin 2025

Abidjan accueille un atelier régional sur les notations de crédit souverain : cap sur une meilleure souveraineté financière africaine

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Du 10 au 12 juin 2025, la capitale économique ivoirienne est le théâtre d’un atelier régional stratégique réunissant une vingtaine de pays africains autour d’un enjeu majeur : la compréhension et la maîtrise des notations de crédit souverain.

Organisé avec l’appui d’experts internationaux et du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), cet atelier rassemble à Abidjan plus de 80 représentants venus de 16 pays membres de la CEDEAO. Ministères des Finances, banques centrales, instituts de statistique et agences d’investissement sont représentés dans un objectif commun : décrypter les méthodes des agences de notation et renforcer les capacités techniques pour améliorer l’accès des États africains au financement international.

Comprendre pour mieux négocier

Dans un contexte où les notations de crédit pèsent de plus en plus sur la capacité des pays à lever des fonds sur les marchés internationaux, cet atelier se veut à la fois pédagogique et stratégique. Au menu : sessions interactives, analyses de cas concrets et conseils d’anciens experts des agences de notation, aujourd’hui partenaires du PNUD.

« Il ne s’agit plus seulement de subir les notations, mais de les comprendre, de les anticiper et d’optimiser nos relations avec les agences », confie un haut responsable du ministère ivoirien de l’Économie et des Finances.

Une dynamique portée par la Côte d’Ivoire

La Côte d’Ivoire, qui accueille les travaux, s’impose comme un modèle régional en matière de performance économique. Avec un taux de croissance de 6,1 % du PIB en 2024, le pays a vu ses efforts salués par les principales agences de notation : Fitch Ratings confirme sa note BB- avec perspective stable, S&P attribue un BB, tandis que Moody’s a relevé la note ivoirienne de Ba3 à Ba2. Des signaux positifs qui confortent le leadership d’Abidjan dans la sous-région.

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Des défis communs, des solutions concertées

Cet atelier s’inscrit dans la continuité d’une initiative lancée en 2024 par le PNUD, dont la phase pilote s’est déroulée en Éthiopie, au Kenya, en Tanzanie et en Ouganda. Les enseignements tirés sont clairs : la compréhension des critères de notation reste faible, la coordination institutionnelle est souvent défaillante, et la disponibilité de données économiques fiables demeure un enjeu crucial.

À Abidjan, ces constats donnent lieu à un partage d’expériences Sud-Sud entre les pays pilotes et ceux de l’Afrique de l’Ouest, dans une logique d’apprentissage entre pairs et de renforcement de la coopération régionale.

Une souveraineté africaine en gestation

Au-delà des trois jours de travaux, cette mobilisation traduit une volonté plus large : celle d’une appropriation africaine des mécanismes de notation. L’Union africaine travaille ainsi à la création d’une Agence africaine de notation de crédit (AfCRA), avec l’ambition de proposer une lecture plus contextualisée des risques souverains africains.

En parallèle, la Banque africaine de développement (BAD) milite pour intégrer le capital naturel dans les calculs du PIB, afin de mieux refléter la réalité économique et environnementale du continent.

L’atelier d’Abidjan n’est donc pas une simple session de formation technique : il marque une étape dans la quête d’une souveraineté financière et analytique africaine, indispensable pour renforcer la résilience économique du continent face aux chocs exogènes et aux exigences du financement international.

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