jeudi 27 novembre 2025

Afrique de l’Ouest et du Centre : un pacte régional pour accélérer la transformation numérique 

Les ministres du Numérique et des Finances de quatorze pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre, accompagnés de dirigeants d’institutions internationales et de figures majeures du secteur privé, se sont réunis les 17 et 18 novembre au Sofitel de Cotonou pour un sommet régional consacré à la transformation numérique et à l’intelligence artificielle. Objectif affiché : faire du numérique un moteur direct de croissance et de création d’emplois d’ici 2030.

Un front politique rare autour du numérique

La rencontre a réuni les ministres du numérique du Nigeria, du Ghana, du Sénégal, du Togo, de Côte d’Ivoire, du Tchad, de Guinée équatoriale, du Libéria, de Gambie, du Congo et d’autres États de la région.

À leurs côtés, la présence de ministres des Finances (notamment du Cabo Verde et de la Guinée) a ancré le sommet dans une logique résolument économique, illustrant la montée en puissance du numérique comme priorité budgétaire et stratégique.

Le secteur privé mondial au rendez-vous

Des dirigeants de MTN, Amazon Web Services, Starlink, GSMA, Amini, ainsi que des opérateurs de centres de données régionaux ont pris part aux travaux.

La Banque mondiale, l’UEMOA, la CEMAC et IFC ont représenté les partenaires techniques et financiers, confirmant l’intérêt croissant pour les infrastructures numériques africaines et les projets d’IA appliquée.

La Déclaration de Cotonou : une feuille de route commune

Le sommet s’est conclu par l’adoption de la Déclaration de Cotonou, un accord régional qui fixe une vision commune : bâtir un Marché numérique africain d’ici 2030. Ce marché doit reposer sur la connectivité universelle, l’innovation, la confiance numérique, la durabilité et un usage responsable de l’intelligence artificielle.

Les États s’engagent notamment à :

  • garantir un accès haut débit pour 95 % de la population d’ici 2030 ;
  • déployer des infrastructures publiques numériques (identité, paiements, données) interopérables ;
  • former 20 millions de personnes aux compétences numériques ;
  • créer deux millions d’emplois dans l’économie numérique ;
  • harmoniser les cadres de cybersécurité, de gouvernance des données et de régulation de l’IA.

Des objectifs chiffrés dès 2028

Pour suivre les progrès, les pays se sont accordés sur des objectifs intermédiaires :

  • réduire de moitié le coût de l’internet mobile ;
  • porter la couverture haut débit à 90 % de la population ;
  • rendre l’identité numérique accessible à la moitié des citoyens ;
  • harmoniser les tarifs d’itinérance ;
  • doubler le commerce électronique intra-africain ;
  • former 200 000 professionnels spécialisés en cybersécurité et technologies avancées.

Ces engagements, rares par leur précision, servent de garanties pour les investisseurs et partenaires financiers.

Financement : vers un nouvel instrument régional

Un consensus s’est dégagé pour créer un Mécanisme régional de financement de la transformation numérique, destiné à mobiliser les financements publics, privés et multilatéraux autour de projets structurants : infrastructures haut débit, plateformes publiques, centres de données, programmes de formation et initiatives d’IA.

Les gouvernements se sont engagés à mettre en place des cadres réglementaires plus prévisibles, afin d’encourager l’investissement et la concurrence, en particulier dans les zones mal desservies.

Un système de gouvernance inédit

Pour éviter l’éparpillement des initiatives, la Déclaration prévoit :

  • un Tableau de bord régionalpour suivre les progrès par pays ;
  • un Forum numérique annuelrassemblant gouvernements, secteur privé et partenaires ;
  • un Rapport régionalannuel sur l’état de la transformation numérique en Afrique de l’Ouest et du Centre ;
  • un point focal nationaldans chaque État pour coordonner la mise en œuvre.

Cette approche vise à garantir transparence, cohérence et redevabilité.

Un appel à l’action pour 2025–2028

Les ministres soulignent que la transformation numérique n’est plus un enjeu technique mais un impératif politique, économique et social pour la souveraineté et la compétitivité du continent.

Ils appellent chaque pays à adopter un Pacte numérique national d’ici 2028, définissant réformes prioritaires, investissement public et incitations à l’investissement privé.

Avec ce sommet, Cotonou s’affirme comme un nouveau carrefour de l’intégration numérique africaine, et 2025 comme une année charnière pour l’ambition régionale en matière de digitalisation et d’intelligence artificielle.

Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici. 

Partager :

Plus d'actualités

Articles Populaires