La tentative de coup d’État déjouée dimanche au Bénin a provoqué un mouvement immédiat sur les marchés financiers, mais n’a pas entamé la réputation de résilience économique du pays. Les investisseurs, sensibles aux risques politiques en Afrique de l’Ouest, ont d’abord sanctionné les eurobonds béninois dès l’ouverture des échanges ce lundi, avant que les prix ne reprennent leur niveau.
Selon Tradeweb, les eurobonds arrivant à échéance en 2052 ont reculé jusqu’à 1,8 centime pour atteindre 88,04 centimes d’euro. Les titres libellés en dollars ont suivi la même trajectoire, perdant environ 1,5 centime face au billet vert. Les obligations à plus longue maturité, notamment celles expirant en 2038 et au-delà, ont limité leurs pertes à un peu plus d’un centime, signe que les investisseurs ont rapidement pris en compte la fin de la menace.
Pour BMI, filiale de Fitch Solutions citée par Reuters, cet épisode rappelle les vulnérabilités politiques possibles, mais il ne remet pas en cause la position du Bénin comme l’une des économies les plus stables de la région. « Cela risque de ternir la réputation de stabilité relative du pays », avertit la firme, tout en reconnaissant que la réaction rapide des autorités a limité les dégâts.
Le président Patrice Talon a confirmé que l’armée avait neutralisé une opération menée par un groupe de soldats. Malgré ce coup de semonce, les prochaines échéances électorales (les législatives en janvier et la présidentielle en avril) devraient se tenir comme prévu, le ministre de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni, étant considéré comme le favori pour la présidentielle.
Dans une région marquée par des ruptures constitutionnelles répétées (Niger, Burkina Faso, Mali, Guinée et Guinée-Bissau) le Bénin se distingue par plus d’un demi-siècle de stabilité institutionnelle, n’ayant pas connu de coup d’État réussi depuis 1972.
Les observateurs saluent également la réponse rapide de la communauté régionale. Jamie Fallon, analyste chez Tellimer, souligne qu’« une stabilité remarquable de 53 ans » se confirme en Afrique de l’Ouest, tout en saluant le « fort engagement international pour la défense de l’ordre constitutionnel ». Le Nigeria a dépêché des avions de chasse en soutien au gouvernement béninois, tandis que la CEDEAO a ordonné l’envoi immédiat de troupes issues du Nigeria, de la Sierra Leone, de la Côte d’Ivoire et du Ghana.
Si l’épisode rappelle la vulnérabilité politique régionale, la reprise rapide des prix obligataires montre que les marchés continuent de considérer le Bénin comme l’une des économies les plus résilientes d’Afrique de l’Ouest. Le gouvernement devra maintenant maintenir cette crédibilité à l’approche des élections.
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