vendredi 30 mai 2025

États-Unis : la nouvelle taxe sur les transferts d’argent de Trump menace les migrants et alimente l’économie informelle

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La promesse de Donald Trump d’ériger un mur financier pour freiner l’immigration illégale prend un nouveau visage avec le vote imminent au Sénat de son projet de loi controversé : une taxe de 3,5 % sur les transferts d’argent effectués par les non-citoyens des États-Unis. Présentée par l’ancien président comme une mesure « big and beautiful », cette taxe suscite une levée de boucliers dans les milieux humanitaires, économiques et diplomatiques.

Une taxe sur la pauvreté migrante

Selon les données de la Banque mondiale, les États-Unis ont généré plus de 656 milliards de dollars en transferts de fonds internationaux en 2023, en grande majorité alimentés par les communautés migrantes installées sur le territoire américain. Le texte de loi stipule que toute personne n’ayant pas la nationalité ou la citoyenneté américaine se verra appliquer cette ponction fiscale sur chaque envoi de fonds à l’étranger.

Réduite par rapport à la version initiale (qui prévoyait 5 %), la taxe demeure un fardeau pour les travailleurs migrants précaires, notamment originaires d’Amérique centrale. « C’est fondamentalement une taxe sur les plus pauvres », a dénoncé Andrew Selee, président du Migration Policy Institute. Les citoyens américains pourront quant à eux se faire rembourser cette taxe à condition de prouver leur statut.

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Pressions diplomatiques et réactions mitigées

Le Mexique, qui a reçu près de 65 milliards de dollars de transferts en 2024 (représentant plus de 4 % de son PIB) a rapidement réagi. La présidente Claudia Sheinbaum a qualifié la taxe de discriminatoire et a sommé ses parlementaires de saisir les autorités américaines. Toutefois, les économistes estiment que l’impact direct sur le Mexique pourrait rester contenu, en raison de la résilience relative de son économie.

Les véritables secousses risquent de se faire sentir au sein du Triangle nord de l’Amérique centrale (Salvador, Honduras, Guatemala) où les transferts de fonds pèsent pour plus de 20 % du PIB. « On peut s’attendre à une baisse des revenus domestiques et de la consommation des ménages », analyse William Jackson, économiste en chef chez Capital Economics. Une contraction de cette manne financière dans des économies déjà fragilisées pourrait aggraver la pauvreté et l’instabilité.

Une porte ouverte à l’informel

Au-delà de l’impact macroéconomique, ce sont les conséquences sur la sécurité financière des flux qui inquiètent. Privés d’un canal officiel accessible, nombre de migrants pourraient se tourner vers des méthodes alternatives : cryptomonnaies, envois via des citoyens de confiance ou recours aux services de transferts clandestins dits « muling », souvent liés au crime organisé. « Cela revient à saboter des années d’efforts pour formaliser et sécuriser les envois de fonds », avertissent plusieurs ONG.

Les experts soulignent que cette taxe pourrait n’avoir qu’un effet limité sur les motivations migratoires, tout en rendant les circuits financiers plus opaques. « Tant que le migrant reste aux États-Unis, il trouvera un moyen d’envoyer de l’argent. C’est une question de survie pour lui et sa famille », insiste Ricardo Barrientos de l’Institut centro-américain d’études fiscales.

Une nouvelle facette de la politique migratoire trumpiste

Dans un contexte où les expulsions restent en deçà des niveaux atteints sous l’administration Biden, cette mesure fiscale semble avant tout symbolique, un geste politique destiné à rallier l’électorat républicain le plus dur à l’approche de la présidentielle de 2026. Elle renforce néanmoins la précarité des migrants tout en affaiblissant les économies d’origine, sans pour autant couper les flux qu’elle vise à tarir.

Alors que les débats s’enveniment à Washington, la question persiste : faut-il combattre l’immigration clandestine en taxant la solidarité familiale ?

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