Alors que les tensions s’intensifient entre les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES) et les institutions régionales, la question du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) refait surface.
Membre fondateur de cette union créée en 1994, le trio sahélien a déjà quitté la CEDEAO et s’éloigne progressivement d’autres organisations jugées contraires à leur nouvelle ligne souverainiste.
Le départ précipité des délégations de l’AES d’une réunion de l’UEMOA début juillet 2025, en raison d’un désaccord sur la présidence tournante confiée à Ouagadougou, a ravivé les spéculations sur un retrait imminent.
Pour l’analyste nigérien Issoufou Boubacar Kado Magagi, la sortie de l’UEMOA est « la seule décision cohérente » dans le contexte politique actuel. Selon lui, il est illogique pour ces États de continuer à appartenir à une organisation économique influencée par « une puissance hostile ».
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L’expert insiste sur la souveraineté monétaire comme condition essentielle au développement. Il rappelle que le franc CFA, utilisé dans l’espace UEMOA, est perçu par les régimes de l’AES comme un levier de domination économique.
Pour ces pays, qui entendent bâtir une nouvelle alliance plus autonome, sortir de l’UEMOA serait une étape stratégique dans leur quête d’indépendance financière.
D’un point de vue démographique et territorial, le poids de l’AES dans l’UEMOA est considérable : 79 % de la superficie et 60 % de la population. Le Niger, par ailleurs, affiche le taux de croissance le plus élevé de l’union, selon les chiffres de l’organisation. Un départ de ces trois pays représenterait donc un coup dur pour l’équilibre interne de l’UEMOA.
Mais l’expert met également en garde contre les manœuvres de certains États membres, notamment la Côte d’Ivoire, qu’il décrit comme « gardienne des intérêts français en Afrique de l’Ouest » et « menace directe » pour les ambitions économiques de l’AES.
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