L’agence de notation Fitch Ratings a procédé, en date du 19 décembre 2025, à une réduction de la note de défaut émetteur à long terme attribuée au Gabon, ce qui reflète une dégradation significative de sa situation financière. La note en devises étrangères recule de CCC à CCC-, tandis que celle en monnaie locale subit une dégradation plus sévère, passant de CCC à CC, un niveau qui indique une forte probabilité de défaut.
Cette décision s’explique par une crise de liquidité de plus en plus aiguë de l’État, nourrie par l’augmentation des déficits budgétaires, un accès désormais restreint aux financements régionaux de la CEMAC et la diminution des ressources extérieures. Fitch met en avant l’accumulation d’arriérés de paiement, internes comme externes, révélatrice de tensions de trésorerie durables. Le marché régional de la dette en monnaie locale a connu un net relâchement, avec plusieurs adjudications qui affichent des taux de couverture inférieurs à 50 % en 2025.
Fitch prévoit un déficit budgétaire de 6,1 % du PIB en 2025, contre 3,7 % en 2024, dans un contexte d’assouplissement de la politique budgétaire depuis le changement de régime d’août 2023. En l’absence de financements suffisants, l’État devrait s’appuyer sur une accumulation d’arriérés estimée à environ 2 % du PIB. La dette publique devrait fortement progresser pour atteindre 80,4 % du PIB en 2025, puis dépasser 85 % à l’horizon 2027, des niveaux nettement supérieurs à ceux observés dans des pays comparables.
L’agence estime également peu probable la conclusion d’un nouveau programme avec le FMI, en raison de l’accumulation d’arriérés extérieurs, de l’orientation budgétaire expansionniste et d’un environnement politique jugé encore instable.
Si la croissance économique est attendue à 3,5 % en 2025, Fitch anticipe un ralentissement à partir de 2026, tout en soulignant que la stabilisation des finances publiques et l’amélioration de l’accès aux financements extérieurs resteront déterminantes pour éviter une nouvelle dégradation de la notation.
