Depuis le début des années 2020, la Russie a affirmé sa présence comme un partenaire stratégique en matière de sécurité sur le continent africain. Elle a promis des interventions rapides, souveraines et financièrement accessibles, séduisant plusieurs États désireux de réduire leur dépendance envers les partenaires occidentaux. Toutefois, une analyse approfondie des données budgétaires, sécuritaires et économiques montre que la réalité est plus complexe et moins avantageuse que le discours officiel ne le suggère.
À partir de 2020, plusieurs pays africains ont réduit ou rompu leur coopération militaire avec des partenaires occidentaux, ouvrant un espace stratégique que Moscou a rapidement investi. Entre 2020 et 2024, des accords multiples ont été signés. Ils portaient sur la formation militaire, la fourniture d’équipements et le déploiement de forces paramilitaires russes. Les coûts exacts restent souvent confidentiels, mais des enquêtes croisées estiment une dépense annuelle comprise entre 30 et 60 millions de dollars par pays, parfois réglée en espèces ou via des concessions minières et énergétiques.
Les données du Stockholm International Peace Research Institute montrent que les pays engagés ont enregistré une hausse importante de leurs budgets militaires. Entre 2021 et 2024, certaines dépenses ont augmenté de plus de 40 %, dans des économies déjà fragiles et confrontées à de fortes tensions sociales. Pourtant, cette augmentation des ressources n’a pas permis d’améliorer la sécurité intérieure de manière proportionnelle.
Les statistiques indépendantes sur les violences armées indiquent que les attaques contre les civils sont restées élevées, et qu’elles ont même progressé dans certaines zones où les forces russes sont intervenues. La présence militaire russe n’a pas permis de traiter les causes profondes de l’insécurité, notamment la marginalisation économique et la défiance envers l’État.
Les coûts indirects sont également significatifs. Les États impliqués subissent une réduction ou une suspension de l’aide internationale, une dégradation de leur notation souveraine et un recul des investissements étrangers. Ces effets freinent la croissance économique et limitent la capacité à financer les secteurs essentiels comme l’éducation, la santé et les infrastructures. La coopération sécuritaire avec la Russie devient ainsi une charge structurelle pour les finances publiques, alors même que les résultats sur le plan sécuritaire restent mitigés.
En définitive, la coopération militaire avec la Russie apparaît comme un instrument coûteux et controversé. Les promesses de sécurité rapide et abordable ne correspondent pas aux réalités observées sur le terrain et dans les finances publiques. L’efficacité réelle de cette stratégie demeure largement discutée, et son impact sur la stabilité et le développement des pays africains reste limité. Les États doivent aujourd’hui mesurer les risques économiques et diplomatiques associés à ces accords avant de poursuivre leur engagement.
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