Avant la vague de coups d’État au Sahel (Mali, Burkina Faso et Niger), les États-Unis entretenaient une relation complexe avec la région, marquée essentiellement par l’aide sécuritaire et la lutte contre le terrorisme.
Mais depuis l’arrivée des régimes militaires entre 2020 et 2023, Washington a suspendu une partie de son assistance traditionnelle et recentré sa diplomatie sur le commerce, en particulier autour des ressources minières, tout en proposant des solutions sécuritaires.
Avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, l’USAID (qui représentait une part importante de l’aide au développement dont dépendaient les trois États sahéliens) a été supprimée. Les autorités américaines affirment désormais vouloir « faire de la diplomatie commerciale un axe central » de leur engagement en Afrique.
Une orientation que les juntes sahéliennes semblent accueillir favorablement, comme en témoigne la récente visite de hauts responsables américains venus discuter de cette nouvelle approche mêlant sécurité et exploitation des ressources, malgré la rhétorique souverainiste des régimes de l’AES.
« Il n’y a pas d’aide, seulement des intérêts »
Dans les trois pays, les opinions sont partagées quant à l’offre américaine liant sécurité et exploitation minière. Si les dirigeants n’ont pas encore officialisé leur position, plusieurs observateurs estiment que ce type d’accord pourrait renforcer la sécurité des populations tout en garantissant une exploitation plus stable des richesses naturelles.
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« Si chacun y gagne équitablement, il n’y a pas de problème. Une “aide” qui n’aide pas, on n’en veut pas », souligne Saadatou Hamani. Un point de vue partagé par Bouba Kinfa, également favorable à l’initiative américaine : « Si on ne te respecte pas, il faut t’imposer. La reconnaissance de l’espace AES par les États-Unis est déjà une victoire politique sur l’Europe et la France. Désormais, le partenariat gagnant-gagnant et la transparence doivent être le socle de cette coopération ».
Les États-Unis reprennent-ils leur rôle de « gendarme du monde » ?
Depuis la fin de la guerre froide et la chute de l’URSS, les États-Unis se sont positionnés comme puissance garante de la régulation mondiale, oscillant entre diplomatie et usage de la force. De la guerre du Golfe aux accords d’Oslo, en passant par les Balkans, Washington s’est présenté comme un acteur central de la paix et de la démocratie.
Mais l’hégémonie américaine a progressivement été contestée par l’émergence de nouveaux pôles de puissance, notamment la Chine et le retour de la Russie sur la scène internationale. L’ère Trump marque un tournant : plutôt qu’une diplomatie de valeurs, Washington privilégie désormais une approche transactionnelle, proposant sécurité et soutien militaire en échange de contrats économiques, notamment miniers.
La RDC a déjà accepté cette offre américaine. En Ukraine, les discussions restent en suspens. Quant aux pays de l’AES, leur décision est attendue. Reste une interrogation majeure : quelle sera la réaction de la Russie, déjà solidement implantée sur le terrain sahélien ?
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