mercredi 30 avril 2025

Crise diplomatique : Alger contre-attaque face aux accusations de Bamako et de la Confédération des États du Sahel

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Alger, le 7 avril 2025. Une nouvelle étape a été franchie dans les tensions croissantes entre l’Algérie et les régimes militaires au pouvoir au sein de la Confédération des États du Sahel (CES), composée du Mali, du Niger et du Burkina Faso. Dans un communiqué au ton particulièrement ferme, le gouvernement algérien a réagi avec une “grande consternation” aux accusations portées par Bamako, dénonçant une “entreprise de diversion” orchestrée par les autorités maliennes pour masquer l’échec de leur gestion politique, sécuritaire et économique.

La réaction d’Alger survient après une série de communiqués émanant du gouvernement de transition malien et de la CES, accusant notamment l’Algérie de collusion avec des groupes terroristes. Des propos que les autorités algériennes qualifient de “graves allégations mensongères”, visant selon elles à faire de l’Algérie un bouc émissaire des revers enregistrés par les juntes sahéliennes, et plus particulièrement celle du Mali.

Une attaque en règle contre la junte malienne

Le ton du communiqué algérien tranche avec la retenue habituellement affichée dans la diplomatie régionale. Les dirigeants maliens sont qualifiés sans détour de “clique inconstitutionnelle”, animée par la “satisfaction d’ambitions personnelles” au détriment des intérêts du peuple malien, pris dans une “spirale d’insécurité, d’instabilité, de désolation et de dénuement”.

Alger rejette vigoureusement toute tentative d’assimilation à des groupes armés ou terroristes, rappelant son engagement de longue date et reconnu dans la lutte contre le terrorisme. Pour les autorités algériennes, la véritable menace pesant aujourd’hui sur le Mali ne vient pas de l’extérieur, mais de “l’incapacité des putschistes à assumer la lutte antiterroriste réelle et effective”, allant jusqu’à confier cette mission à des “mercenaires”, allusion claire à la présence du groupe Wagner dans la région.

L’incident du drone : un point de bascule

L’un des éléments déclencheurs de cette escalade verbale est la destruction, dans la nuit du 31 mars au 1er avril, d’un drone malien par la défense aérienne algérienne. Alger affirme que cet appareil a violé son espace aérien sur 1,6 km, à minuit huit minutes, avant de revenir sur une trajectoire qualifiée d’“offensive”. L’Algérie précise qu’il s’agit de la troisième incursion en quelques mois, après deux précédents incidents les 27 août et 29 décembre 2024. “Toutes les données sont disponibles”, martèle le communiqué, insistant sur le caractère hostile de la manœuvre.

LIRE AUSSI : Crise diplomatique : l’Algérie ferme son espace aérien au Mali, un nouvel acte de rupture

La réponse algérienne ne s’arrête pas à la seule dimension militaire. Elle prend également une tournure diplomatique : Alger a décidé de rappeler pour consultation ses ambassadeurs au Mali et au Niger, et de geler la prise de fonction de son nouvel ambassadeur au Burkina Faso, dénonçant l’“alignement inconsidéré” de Ouagadougou et Niamey sur les “thèses fallacieuses” de Bamako.

Une fracture de plus dans le voisinage sahélien

Cette montée de tensions marque un tournant dans les relations entre l’Algérie et ses voisins sahéliens, autrefois liés par des intérêts communs en matière de sécurité régionale et de lutte contre le terrorisme. Longtemps perçue comme un acteur clé du dialogue au Sahel, notamment via les Accords d’Alger de 2015, l’Algérie se voit aujourd’hui mise en cause par ceux-là mêmes qui l’avaient sollicitée comme médiatrice.

Cette crise intervient dans un contexte de recomposition géopolitique accélérée dans la bande sahélienne, marqué par le retrait de la France, le rapprochement entre la CES et la Russie, et l’hostilité croissante envers les institutions ou partenaires traditionnels. L’Algérie, qui cherche à préserver sa sécurité frontalière tout en maintenant une posture de puissance régionale équilibrée, se retrouve désormais au cœur d’une confrontation politique et symbolique avec une confédération sahélienne en quête de légitimité.

Alors que les lignes de fracture s’accentuent, une question s’impose : jusqu’où ira cette rupture entre Alger et les régimes sahéliens ? Et surtout, quelles en seront les conséquences pour la stabilité déjà vacillante de cette région stratégique du continent ?

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