vendredi 23 mai 2025

Bénin : l’ancienne « route de la mort » transformée en axe stratégique de développement

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Au nord du Bénin, la ville de Parakou joue un rôle stratégique dans le développement économique du pays. Préfecture du département du Borgou, troisième ville du Bénin, elle est un carrefour commercial incontournable. Parakou connecte les zones de production cotonnière (qui assurent à elles seules 40 % de la production nationale) aux marchés régionaux du Niger, du Nigeria et du Togo.

Traversée par deux corridors majeurs, la Route Nationale Inter-États 2 (RNIE 2) et la RNIE 6, Parakou bénéficie aujourd’hui d’une position logistique de premier plan. Pourtant, il n’en a pas toujours été ainsi. Jusqu’en 2018, ces routes figuraient parmi les plus dangereuses du pays. Surnommé « la route de la mort », ce tronçon dégradé était le théâtre quotidien d’accidents graves et de congestion dramatique.

« Il y avait des accidents tous les jours. Les sirènes des pompiers, c’était notre bande-son permanente », se souvient Issa Gounou Chabi, chauffeur de taxi-moto (Zémidjan). Le coût humain était terrible, et les répercussions économiques tout autant. D’après la Banque africaine de développement (BAD), les embouteillages paralysaient la ville et entraînaient jusqu’à 50 millions de dollars de pertes commerciales par an. Au marché de Zongo, les vendeuses d’ignames perdaient en moyenne 20 000 FCFA (30 dollars) par jour, leurs étals devenant inaccessibles aux acheteurs.

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Le Projet de transport urbain de Parakou : un tournant décisif

Face à cette situation, le gouvernement béninois, engagé depuis 2016 dans une ambitieuse politique de modernisation des infrastructures sous l’impulsion du président Patrice Talon, a fait du désenclavement de Parakou une priorité. En décembre 2018, la Banque africaine de développement a approuvé un prêt de 65 millions de dollars pour réhabiliter les RNIE 2 et 6.

Grâce à ce financement, 17,55 kilomètres de route ont été bitumés, élargis en deux voies séparées par un terre-plein central, et équipés d’un éclairage public solaire. Résultat : le temps de parcours sur ce tronçon est passé de 45 à 15 minutes. « Avant, c’était la route de la mort. Aujourd’hui, c’est un trésor », s’enthousiasme Issa Gounou Chabi.

En plus de la fluidité retrouvée, le taux d’accidents sur le tronçon a chuté de 20 % entre 2018 et 2024. Les marchandises, notamment les produits agricoles, peuvent désormais rallier Cotonou dans des délais plus courts, sans altération, ce qui renforce les revenus des producteurs et commerçants locaux.

« On ne mange pas la route ? » Une réponse politique au développement visible

L’adage populaire veut que « la route précède le développement ». Pourtant, certains opposants politiques de Patrice Talon ont longtemps ironisé : « On ne mange pas la route ». Une formule à laquelle le chef de l’État a répondu sans détour : « On ne mange pas la route, mais la route fait manger ».

Derrière cette réplique, une réalité de plus en plus palpable. Même si des défis persistent, la modernisation des infrastructures routières transforme le paysage économique du Bénin. Selon le Forum économique mondial, le pays figure désormais dans le top 5 des meilleurs réseaux routiers et portuaires d’Afrique (classement TTDI 2024), devant la Côte d’Ivoire, le Ghana et le Rwanda.

Ce bond en avant logistique désenclave les régions intérieures, dynamise les échanges, réduit les coûts de transport et soutient l’exportation des productions agricoles. À Parakou, comme ailleurs, la route n’est plus synonyme de danger, mais d’opportunité.

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