Le ton est monté d’un cran entre Phnom Penh et Bangkok. Des échanges de tirs meurtriers ont éclaté dans la matinée du 24 juillet à la frontière entre la Thaïlande et le Cambodge, non loin du temple Prasat Ta Muen Thom, dans une zone disputée depuis des décennies.
Chaque camp accuse l’autre d’avoir ouvert le feu le premier, ce qui a ravivé les tensions autour d’une querelle territoriale vieille de plus d’un siècle.
Le bilan est lourd. Neuf civils thaïlandais tués, dont un enfant et quatorze blessés selon Bangkok. Des drones cambodgiens auraient été détectés au-dessus du site contesté, selon l’armée thaïlandaise, qui dénonce aussi une attaque ciblée contre des civils dans trois provinces du nord-est du pays. Phnom Penh, de son côté, parle d’« agression militaire non provoquée » et affirme avoir riposté en légitime défense.
Cette montée en tension survient moins de deux mois après un premier incident au niveau du « Triangle d’émeraude », où un soldat khmer avait perdu la vie. Depuis, les deux capitales ont drastiquement réduit leurs relations diplomatiques. Jeudi, le Cambodge a rétrogradé ses liens avec la Thaïlande au plus bas niveau, tandis que Bangkok a expulsé l’ambassadeur cambodgien et rappelé le sien.
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Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a saisi le Conseil de sécurité de l’ONU pour dénoncer ce qu’il qualifie d’« agressions extrêmement graves » menaçant la stabilité régionale. Il demande une réunion d’urgence afin d’obtenir une condamnation formelle de la Thaïlande.
Les tensions actuelles s’inscrivent dans une histoire longue et sensible. Le tracé frontalier hérité de l’époque coloniale continue d’alimenter des contentieux, notamment autour de temples anciens convoités par les deux pays. En 2013, la Cour internationale de justice avait pourtant donné raison au Cambodge sur le site de Preah Vihear, sans pour autant éteindre les rivalités.
Alors que le Cambodge annonce la mise en place d’un service militaire obligatoire dès 2026, et que la Thaïlande restreint les déplacements à la frontière, le spectre d’un conflit ouvert n’a jamais semblé aussi proche.
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