mardi 27 mai 2025

Côte d’Ivoire : Jean-Louis Billon veut incarner l’alternative au sein du PDCI-RDA

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À cinq mois de l’élection présidentielle prévue le 25 octobre 2025, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA) est confronté à une turbulence politique d’une intensité rarement observée dans son histoire récente.

Au cœur de cette tourmente : la réaffirmation de la candidature de Jean-Louis Billon et son appel à une reprise de la convention du parti. Derrière cette offensive politique se dessine un bras de fer ouvert entre deux figures : le président contesté du parti, Tidjane Thiam, et un dissident déterminé à incarner l’alternative.

Une rupture assumée

Depuis plusieurs mois, Jean-Louis Billon affiche un malaise croissant vis-à-vis de la gouvernance interne du PDCI. Son absence aux réunions du bureau politique, son rejet de la convention ayant désigné Tidjane Thiam comme candidat et son discours virulent du 26 mai marquent une rupture assumée avec la ligne officielle du parti.

En affirmant que « le PDCI n’a pas de candidat pour la présidentielle », Billon capitalise sur la récente décision de justice ordonnant la radiation de Tidjane Thiam de la liste électorale. Une décision qui, pour ses partisans, invalide de facto sa candidature, même si Thiam demeure président du parti.

La légitimité contre la légalité

Ce que Jean-Louis Billon tente de poser comme débat au sein du PDCI, c’est la distinction entre légalement élu à la tête du parti et légitimement capable de porter les espoirs du parti à la présidentielle. Il ne s’agit plus uniquement d’une opposition à une personne, mais d’un appel à un réajustement démocratique à l’intérieur du vieux parti. « Ouvrons le jeu démocratique », martèle-t-il.

Lui qui s’était abstenu de se porter candidat lors de la dernière convention (qu’il qualifie de « mascarade ») change aujourd’hui de posture. Il ne réclame plus une simple clarification juridique, mais une reprise de la convention avec l’ambition d’y participer cette fois. Il veut « jouer le jeu », avec comme horizon, non pas une candidature indépendante à la KKB en 2020, mais bien une légitimité renouvelée à l’intérieur du PDCI.

LIRE AUSSI : Côte d’Ivoire : Tidjane Thiam joue sa dernière carte avant la présidentielle d’octobre 2025

Un pari risqué, mais stratégique

La stratégie de Jean-Louis Billon est risquée, mais finement calculée. Il se positionne à un moment où le PDCI semble en état de choc, ébranlé par les décisions judiciaires et incapable, pour l’heure, de produire un plan B clair. En affirmant être soutenu par « une myriade de mouvements et de partis politiques », il envoie un message :  » Je suis prêt, je ne suis pas seul, je suis crédible « .

Le risque ? Se heurter à une fin de non-recevoir de la direction actuelle du PDCI, qui campe sur la candidature de Thiam et refuse, pour l’instant, toute recomposition. Et, dans ce cas, la question revient : ira-t-il au bout de sa logique « en dehors des structures traditionnelles » comme il l’a laissé entendre, tout en jurant fidélité au parti ?

Une dynamique de rupture dans un parti fragilisé

La situation actuelle rappelle, en filigrane, la dislocation du PDCI en 2018 lorsque le RHDP avait vu le jour, emportant une frange des cadres avec Alassane Ouattara. Aujourd’hui, c’est une crise d’un autre type : une crise de représentation, où la base militante pourrait être sollicitée pour arbitrer entre deux visions du parti.

Jean-Louis Billon veut incarner la fidélité au PDCI, mais à travers une modernité de leadership. Son discours centré sur « justice, souveraineté et progrès » s’adresse autant aux militants qu’à une frange de l’électorat ivoirien en quête d’alternance crédible.

Le PDCI à la croisée des chemins

Le PDCI-RDA joue son avenir dans les prochaines semaines. Soit il reste fidèle à une ligne rigide en défendant jusqu’au bout une candidature juridiquement compromise, soit il s’ouvre à un débat démocratique interne, au risque d’approfondir ses divisions.

Dans ce contexte, Jean-Louis Billon n’apparaît plus comme un simple contestataire. Il est désormais un pôle alternatif, un recours possible pour un parti à la recherche d’un second souffle. Reste à savoir si la vieille maison d’Houphouët est prête à rouvrir ses portes à la contradiction pour éviter le piège de l’implosion.

À suivre de près, car la présidentielle ivoirienne de 2025 s’annonce décidément comme celle de tous les bouleversements.

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