mardi 20 mai 2025

Crise à l’Est de la RDC : Faure Gnassingbé entre en scène comme médiateur de l’Union africaine

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Le président togolais Faure Gnassingbé a officiellement lancé ce jeudi à Lomé la première réunion du panel des cofacilitateurs pour la paix à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Désigné médiateur par l’Union africaine, le chef de l’État togolais s’affirme désormais comme un acteur clé dans la résolution de l’un des plus graves foyers de tension du continent africain.

La rencontre, tenue en présence de diplomates chevronnés et d’experts régionaux, visait à « harmoniser les vues » et à poser « les bases d’une coordination fluide et inclusive », selon les mots du président Gnassingbé. Ce panel des cofacilitateurs a pour mission d’accompagner les efforts de paix dans une région en proie à des violences persistantes entre forces armées congolaises, groupes rebelles locaux et acteurs étrangers, au premier rang desquels figure le Rwanda.

Un contexte régional explosif

L’Est de la RDC, en particulier les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri, est ravagé depuis plusieurs décennies par une instabilité chronique, exacerbée ces dernières années par la résurgence du M23, un groupe rebelle que Kinshasa accuse ouvertement d’être soutenu par Kigali. Le Rwanda, de son côté, rejette ces accusations, tout en dénonçant la présence de milices hostiles à sa sécurité sur le sol congolais, notamment les FDLR (Forces démocratiques de libération du Rwanda), issues des génocidaires de 1994.

Dans ce climat tendu, où chaque initiative diplomatique est scrutée avec prudence, la médiation togolaise s’inscrit dans un effort plus large de l’Union africaine pour promouvoir une solution africaine aux crises africaines, en parallèle des démarches du Processus de Luanda (piloté par l’Angola) et du Processus de Nairobi (impliquant la Communauté d’Afrique de l’Est).

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Soutiens internationaux affirmés

Faure Gnassingbé a salué le soutien affirmé des États-Unis et de l’ONU, des partenaires dont l’implication confère une légitimité supplémentaire au processus engagé. Washington, préoccupé par les conséquences géopolitiques d’un embrasement dans la région des Grands Lacs, a multiplié ces derniers mois les appels à la désescalade. De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU reste divisé, mais n’a pas retiré son appui aux efforts de médiation régionaux.

Une médiation sous haute tension

La mission de Faure Gnassingbé ne sera pas aisée. D’un côté, Kinshasa attend des garanties fermes sur la cessation du soutien rwandais présumé au M23, sur fond de souveraineté bafouée. De l’autre, Kigali exige un démantèlement effectif des FDLR et une sécurisation de ses frontières. Entre ces lignes rouges, le président togolais devra faire preuve de diplomatie stratégique, s’appuyant sur sa réputation de modérateur discret et son réseau d’alliances régionales.

En plaçant cette première réunion sous le sceau de « l’optimisme et de la foi en l’avenir du continent », Faure Gnassingbé entend donner un signal fort : celui d’une Afrique qui prend son destin diplomatique en main, face à une communauté internationale souvent accusée d’atermoiements.

Vers une relance du dialogue ?

Reste à voir si cette initiative pourra relancer un dialogue direct entre les parties prenantes, au moment où la situation humanitaire se dégrade gravement sur le terrain. Plus de 7 millions de déplacés internes en RDC, dont une majorité dans l’Est, attendent des actes concrets. À Lomé, une dynamique semble enclenchée. Reste à savoir si elle survivra aux jeux de pouvoir et aux calculs géostratégiques qui paralysent depuis trop longtemps la région des Grands Lacs.

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