Abandonner une carrière universitaire solide pour enfiler un tablier et vendre du pain. C’est le choix de Dr Isseu Diop Sakho, financeure de formation. Au Sénégal, sa reconversion radicale suscite un débat profond sur la notion de réussite et l’audace de suivre une voie personnelle en rupture avec les attentes sociales.
Titulaire d’un doctorat en finance, enseignante, chercheuse, consultante, Dr Sakho coche toutes les cases d’un parcours académique réussi. Mais malgré le prestige, elle confie avoir ressenti un vide. « Ce que je faisais était intéressant. Mais ça ne me faisait pas vibrer », a-t-elle déclaré.
Ce constat, partagé sur son compte LinkedIn dans une publication rapidement devenue virale, révèle un malaise silencieux chez nombre de professionnels aux parcours linéaires.
Sagittaire assumée, amoureuse de liberté, elle décide de tout plaquer pour créer MBURU, une boulangerie installée entre Somone et Ngaparou, sur la Petite-Côte sénégalaise. Là où d’aucuns auraient vu une déchéance sociale, elle voit un champ d’action et un terrain d’innovation.
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À travers sa structure PATRIA SAS, elle fait du pain un levier de transformation sociale : formation, emploi local, valorisation des savoir-faire artisanaux. Loin des clichés, elle redonne ses lettres de noblesse à un métier souvent dénigré.
« Tu vas vendre du pain après un doctorat ? » La question, récurrente, réflète le poids des normes sociales sur les choix de carrière. Mais pour Dr Sakho, cette réorientation est une reconquête de sens. Elle incarne une génération qui n’a plus peur de brouiller les lignes entre réussite personnelle et reconnaissance sociale.
Son témoignage, au ton lucide et sincère, interroge aussi l’élitisme de certaines trajectoires. Pourquoi le prestige serait-il uniquement réservé aux métiers dits « intellectuels » ? Pourquoi une carrière manuelle, locale, ancrée, serait-elle perçue comme un échec ? À travers MBURU, Dr Sakho bouscule ces représentations et ouvre un autre horizon : celui d’une réussite alignée avec ses valeurs.
Aujourd’hui, dans la chaleur d’un four, loin des amphithéâtres et des colloques, elle dit avoir trouvé sa paix. Une paix forgée dans la liberté de choisir une vie qui lui ressemble, même au prix de l’incompréhension.
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