Au lendemain de l’inauguration du Grand barrage de la Renaissance (GERD) en Éthiopie, Le Caire a réaffirmé ses inquiétudes. Selon les autorités égyptiennes, il s’agit d’une « menace existentielle » pour les ressources en eau du pays.
Construit sur le Nil Bleu pour un coût estimé à 5 milliards de dollars, le GERD est le plus grand projet hydroélectrique d’Afrique. À terme, il doit plus que doubler la capacité énergétique de l’Éthiopie et permettre d’exporter de l’électricité vers plusieurs pays voisins. Mais Le Caire, qui dépend du Nil pour l’essentiel de ses besoins en eau douce, craint une réduction drastique du débit du fleuve.
Pour les autorités égyptiennes, toute baisse significative du flu mettrait en péril l’approvisionnement alimentaire, la consommation domestique et la stabilité sociale. « Les enjeux sont économiques, politiques et profondément sociaux », a rappelé Mohamed Mohey el-Deen, ancien membre de l’équipe chargée d’évaluer l’impact du GERD.
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Le ministère égyptien des Affaires étrangères accuse Addis-Abeba d’avoir rempli l’immense réservoir du barrage sans accord juridiquement contraignant, en violation du droit international et des traités historiques de 1929 et 1959 qui accordaient à l’Égypte une part majoritaire du Nil. Le président Abdel Fattah al-Sisi a réaffirmé que son pays défendrait ses droits « par tous les moyens disponibles ».
De son côté, l’Éthiopie défend son projet comme un symbole de souveraineté et un levier de développement. « L’Éthiopie n’a aucune intention de nuire à qui que ce soit », a assuré le Premier ministre Abiy Ahmed. Pour lui, le GERD doit être considéré comme un atout régional. Par ailleurs, Addis-Abeba souligne que le barrage est financé à plus de 90 % par ses citoyens, preuve de son importance nationale.
Malgré plus d’une décennie de négociations, menées sous l’égide de l’Union africaine et de médiateurs internationaux, aucun accord n’a été trouvé sur la gestion du barrage. Observateurs et diplomates redoutent que, faute de compromis, la rivalité autour du Nil ne s’installe durablement dans les relations entre les deux pays.
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