Alors que la double nationalité est de plus en plus acceptée pour les citoyens africains, elle demeure un obstacle quasi infranchissable pour quiconque souhaite accéder à la magistrature suprême.
Une exigence de loyauté exclusive
Dans de nombreux pays africains, accéder à la fonction suprême suppose une loyauté totale et exclusive envers la nation. La double nationalité est ainsi perçue comme un facteur de suspicion, en particulier pour ceux qui ont vécu longtemps à l’étranger ou qui possèdent des intérêts économiques ou politiques hors du continent.
Des exceptions notables mais encadrées
Une quinzaine de pays africains tolèrent la double nationalité chez leurs dirigeants, mais imposent presque toujours une condition majeure : être citoyen d’origine, né sur le territoire national. Ci-dessous, un aperçu détaillé :
Bénin
✅ Autorisée
Doit être béninois de naissance
Burkina Faso
✅ Autorisée
Doit être burkinabè de naissance
Niger
✅ Autorisée avec conditions
Délai de 5 ans pour les naturalisés
Soudan
✅ Autorisée
Sauf pour la nationalité sud-soudanaise
Soudan du Sud
✅ Autorisée
Érythrée
✅ Autorisée
Doit être citoyen de naissance
Somalie
✅ Autorisée
Constitution autorise, loi de 1962 l’interdit
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Afrique du Sud
✅ Autorisée
Nécessite autorisation gouvernementale
Namibie
✅ Autorisée pour les nationaux d’origine
Non autorisée pour les naturalisés
Angola
✅ Autorisée
Président ne peut être naturalisé
Congo
✅ Autorisée
Doit être de nationalité congolaise d’origine
Guinée
✅ Autorisée
Constitution suspendue depuis 2021
Guinée-Bissau
✅ Autorisée
Doit être citoyen d’origine
Maroc
✅ Autorisée
Double nationalité permise mais non reconnue
Madagascar
❌ Interdite
Perte de nationalité si acquisition volontaire d’une autre
Une question politique autant que juridique
Derrière cette méfiance se cache un vieux réflexe souverainiste. Les constitutions africaines, souvent rédigées après des périodes de tensions ou de transitions, privilégient une figure présidentielle fortement ancrée dans le sol national.
Un tabou qui pourrait évoluer ?
Avec l’émergence d’élites diasporiques, de plus en plus compétentes et investies, la question de la double nationalité présidentielle pourrait revenir au centre des débats. Certains pays envisagent déjà des réformes, mais les résistances restent vives, notamment dans les cercles militaires ou conservateurs.
À retenir
La double nationalité présidentielle reste interdite dans la majorité des pays africains. Une quinzaine de pays l’autorisent, mais avec des critères stricts de nationalité d’origine. Les diasporas restent largement exclues de la course au pouvoir suprême. Un sujet politique sensible, qui reflète la crainte d’influences extérieures.
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