Contrairement aux affirmations relayées par certains médias étrangers, le Bénin n’a procédé à aucune fermeture de ses frontières avec le Nigeria. Ce que vise la récente décision gouvernementale, c’est l’exportation informelle et clandestine de produits agricoles stratégiques, notamment les céréales et les cultures industrielles non transformées, dont la fuite nuit à l’économie nationale.
Depuis plusieurs années, le Bénin a engagé une transformation structurelle de son économie fondée sur l’industrialisation et la transformation locale de ses matières premières agricoles. Cette orientation stratégique vise à créer de la valeur ajoutée, à générer des emplois durables, et à renforcer la souveraineté alimentaire et économique du pays.
Sécuriser les produits agricoles pour soutenir la dynamique industrielle
Le 8 mai 2024, les autorités béninoises ont pris une mesure temporaire : restreindre les exportations par des voies non officielles de céréales comme le maïs, les tubercules et leurs dérivés. Cette décision intervenait dans un contexte marqué par une forte demande intérieure et des tensions sur les prix des denrées de base, qui ont récemment suscité des mouvements sociaux dans certaines localités.
L’objectif est clair : garantir l’approvisionnement des marchés nationaux et alimenter les unités de transformation en pleine expansion. Il ne s’agit en aucun cas d’une interdiction générale d’exporter, mais bien d’une lutte ciblée contre les circuits de contrebande, qui échappent aux mécanismes fiscaux et ne génèrent aucun bénéfice pour l’économie béninoise.
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Les exportations légales, elles, restent pleinement autorisées, notamment via le Port autonome de Cotonou, dans un cadre réglementaire, fiscalisé et transparent. Cette régulation est conforme à l’intérêt général et à la stratégie de promotion de la transformation locale du soja, du maïs, du sorgho, des noix de cajou, entre autres.
Glo-Djigbé et Sèmè-Kpodji : les piliers d’une économie tournée vers la transformation
Deux projets phares incarnent cette nouvelle ambition économique : la Zone Industrielle de Glo-Djigbé (GDIZ) et la Zone Économique Spéciale de Sèmè-Kpodji.
Située à environ 45 km de Cotonou, la GDIZ (développée en partenariat avec ARISE IIP) s’étend sur plus de 1 600 hectares. Elle accueille déjà des unités de transformation de cajou, de coton, de soja, de karité et d’autres produits agro-industriels. L’écosystème attire de nombreux investisseurs béninois et étrangers grâce à des incitations fiscales, des infrastructures de pointe et un accompagnement étatique robuste.
Cette zone traduit la volonté du Bénin de passer de l’exportation brute à la transformation locale. Par exemple, les noix de cajou y sont désormais décortiquées, conditionnées et prêtes à la consommation ou à l’export, avec une valeur ajoutée multipliée. Le coton y est filé et tissé, posant les bases d’une industrie textile locale.
À l’Est, la zone de Sèmè-Kpodji, proche du Nigeria, se positionne comme un hub logistique et industriel stratégique. Elle facilite le commerce légal transfrontalier tout en accueillant des industries légères et des plateformes de distribution tournées vers les marchés régionaux.
Renforcer les contrôles sans remettre en cause la coopération régionale
Il est essentiel de rappeler que les frontières terrestres entre le Bénin et le Nigeria ne sont pas fermées. Ce sont les voies illégales (notamment les pistes de brousse) qui sont désormais sous haute surveillance. Ces circuits échappent aux douanes, privent l’État de recettes et exposent les populations locales à des risques sécuritaires importants.
La coopération régionale reste une priorité pour le Bénin, qui entretient des relations solides avec le Nigeria, son principal partenaire commercial. Mais cette coopération ne peut être efficace que dans un cadre de respect mutuel, de traçabilité commerciale et de défense des intérêts économiques nationaux.
Une stratégie cohérente et visionnaire
La décision du gouvernement béninois s’inscrit dans une vision de long terme : bâtir une économie fondée sur la transformation, la résilience et la souveraineté économique. Dans un contexte mondial instable, où les chaînes de valeur sont en recomposition, cette stratégie apparaît comme une réponse responsable et structurée.
En sécurisant ses ressources agricoles, en valorisant sa production localement et en luttant contre les circuits illicites, le Bénin ne se replie pas : il prépare l’avenir. Il construit une économie plus organisée, plus juste, plus compétitive, et résolument tournée vers l’industrialisation.
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