Une mission de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), conduite par Julius Maada Bio, président de la Sierra Leone, est annoncée ce lundi 1er décembre à Bissau. La délégation comprendra également les chefs d’État du Sénégal, du Cap-Vert, du Togo ou leurs représentants. Leur objectif est de rencontrer les nouvelles autorités ainsi que des personnalités politiques et civiles pour examiner les conditions d’un retour à l’ordre constitutionnel.
Face aux putschistes de Bissau, « le discours sera ferme », confie l’entourage d’un chef d’État membre de la délégation, rapporte Serge Daniel, correspond de RFI. Interrogé sur l’efficacité de ce type de discours après de précédents coups d’État en Afrique de l’Ouest, il répond : « C’est vrai que nous jouons notre crédibilité. Mais les consignes sont fermées. Il faut à Bissau un rapide retour à l’ordre constitutionnel ».
Ce qui apparaît comme une passe millimétrée de l’ancien président Embaló à un général de l’armée, proche de lui, est dénoncé par tous. Une intervention militaire est-elle envisageable ? Aucun interlocuteur ne répond « oui » avec empressement. « Il faut tout faire pour un retour à la normalité », insiste un ministre présent ce lundi à Bissau.
La sortie de crise peut aussi passer par la publication des résultats officiels des élections et l’analyse des leçons à tirer. Cette option figure dans le programme de la mission. Les nouvelles autorités annoncent une transition d’un an. La délégation de la CEDEAO devra rejeter cette annonce.
À la veille de l’arrivée de la Cédéao, après une journée de tensions et d’assauts contre plusieurs sièges de partis, la capitale a retrouvé un certain calme. La mission, initialement prévue vendredi, a été reportée à ce lundi, selon Eva Massy.
Ce dimanche, Mario Fambé, directeur de campagne de Fernando Dias, a confirmé à RFI que son candidat, affirmant avoir remporté la victoire face à Embaló, reste caché en dehors de Bissau. Il attend la venue de la CEDEAO et sollicite sa protection. Mario Fambé insiste que « tous leurs espoirs reposent sur la mission de la Cédéao ». Il espère que la délégation contraindra les militaires à publier les résultats.
Samedi, le général Horta N’tam a investi les membres du nouveau gouvernement : 23 ministres, dont cinq militaires à des portefeuilles clés comme la Défense, l’Intérieur ou la Santé.
Cette nouvelle équipe suscite la méfiance des Bissau-Guinéens. Un habitant déplore que ce soient « les mêmes qu’avant » et dénonce un « recyclage des proches du président déchu Embaló ».
Nombreux espèrent que l’arrivée de la CEDEAO forcera les autorités militaires à annoncer les résultats et à rendre le pouvoir aux civils. Pour eux, l’organisation doit exiger que la Commission nationale des élections publie les résultats. Ensuite, elle va engager le dialogue. Si cela échoue, des sanctions devront suivre.
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