samedi 13 décembre 2025

Mali : un colonel radié après un livre jugé dérangeant par la junte

Un colonel de l’armée malienne a été radié des forces armées et de sécurité à la suite de la publication d’un ouvrage qui évoque des exactions attribuées à l’armée contre des populations civiles. La décision figure dans un décret signé par le chef de la junte, le général Assimi Goïta, et publié vendredi au Journal officiel.

Le colonel Alpha Yaya Sangaré, officier de la gendarmerie nationale, se trouve en détention depuis mars 2024. Les autorités lui reprochent la parution, fin 2023, de son livre intitulé Mali : Le défi du terrorisme en Afrique. Plusieurs passages de l’ouvrage ont suscité une vive réaction au sein des cercles militaires, au pouvoir depuis les coups d’État de 2020 et 2021.

Dans son livre, l’officier mentionne des rapports émanant d’organisations internationales de défense des droits humains. Ces documents font état de violences commises lors d’opérations antiterroristes menées par les forces maliennes. Ces références ont été perçues comme une remise en cause de l’action de l’armée en guerre contre les groupes armés.

Le décret précise que « le colonel Alpha Yaya Sangaré de la direction générale de la gendarmerie nationale est radié des effectifs des forces armées et de sécurité par mesures disciplinaires ». Aucun détail supplémentaire n’a été fourni sur la nature exacte des fautes retenues contre lui.

Pour rappel, le Mali est confronté depuis 2012 à une crise sécuritaire profonde. Le pays subit les attaques du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda, de l’organisation État islamique, ainsi que d’autres groupes armés communautaires. Cette situation sert de justification récurrente aux autorités pour renforcer le contrôle politique et sécuritaire.

Depuis leur arrivée au pouvoir, les dirigeants militaires ont rompu la coopération avec la France et ont réorienté leurs alliances vers la Russie, tant sur le plan militaire que diplomatique. Parallèlement, les libertés publiques ont connu un net recul. Des figures politiques, des journalistes et des acteurs de la société civile ont fait l’objet de poursuites judiciaires ou de mesures restrictives.

La mise à l’écart du colonel Sangaré traduit la volonté affichée de la junte de maintenir une ligne dure face aux prises de position considérées comme dissidentes. Les autorités invoquent la nécessité de préserver l’unité nationale et la cohésion des forces armées dans un pays confronté à des défis sécuritaires majeurs.

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