mardi 18 novembre 2025

Mali : une ville de l’ouest totalement désertée

Les habitants d’une localité proche de la frontière ivoirienne vivaient depuis plusieurs semaines sous la menace d’une offensive annoncée des combattants du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), dirigé par le chef djihadiste Iyad Ag Ghaly. Les alertes répétées laissaient présager une attaque destinée à déloger les populations.

Depuis quatre mois, Loulouni et les villages voisins subissaient une pression constante, ponctuée de raids et de menaces. Des localités comme Nimbougou ou Koura avaient déjà essuyé des assauts, perçus par les habitants comme des signaux annonciateurs d’une offensive de plus grande ampleur.

Nouvelle attaque en moins de trois jours

Le mardi 11 novembre, une première attaque menée à l’aide de drones kamikazes avait provoqué la mort d’au moins sept chasseurs dozos et entraîné l’afflux de centaines de personnes vers Sikasso, Kadiolo ou les villages alentour. Trois jours plus tard, le vendredi 14 novembre, les djihadistes du JNIM ont de nouveau frappé.

Un habitant, témoin direct de l’assaut, raconte : « Ils sont arrivés vers seize heures et ont quadrillé la ville. Ensuite, c’était un déluge de feu. Les tirs à l’arme automatique visaient directement les populations. Il y avait de nombreux morts, impossible d’en donner le nombre exact. Chacun a fui comme il a pu, abandonnant tout. Ils ont brûlé les boutiques et plusieurs maisons. Beaucoup ont pris la route vers les villages les plus proches ».

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Défense débordée et pertes importantes

Parmi ceux qui ont tenté de résister, un chasseur dozo, responsible d’un groupe d’autodéfense, raconte avoir mis sa famille en sécurité avant de se replier. Il dit avoir perdu plusieurs hommes, ainsi que sa maison incendiée par les assaillants.

« Cela fait presque deux mois que nous tenons la zone contre les attaques. Mais nous avons fini par céder. Avec 30 combattants, impossible de repousser plus de 300 hommes lourdement armés circulant à moto. Ce samedi, au moins six civils ont été tués. J’ai perdu deux de mes compagnons. Nous vivons des heures très difficiles. On nous avait promis l’arrivée de l’armée, mais nous attendons toujours », a-t-il ajouté.

Un vide sécuritaire inquiétant

L’absence des Forces armées maliennes (FAMa) et des autorités administratives, notamment le préfet du cercle, a laissé un vide sécuritaire important. Ce manque de présence de l’État a facilité les incursions des combattants du JNIM, affilié à Al-Qaïda, dans cette zone stratégique du sud du Mali, distante d’une cinquantaine de kilomètres de Sikasso et en bordure de la frontière avec la Côte d’Ivoire.

La population, livrée à elle-même, redoute désormais une nouvelle série d’attaques dans une région où l’insécurité progresse de manière inquiétante.

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