samedi 15 novembre 2025

Quand l’IA et les deepfakes deviennent les armes de la propagande numérique

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Depuis son arrivée au pouvoir en 2022 à la suite d’un coup d’État, le capitaine Ibrahim Traoré s’est imposé comme une figure majeure de la scène politique burkinabè. Porté par un discours résolument anti-impérialiste, il séduit une partie de l’opinion publique africaine, notamment les courants panafricanistes. Mais derrière cette popularité grandissante, des outils technologiques de pointe, comme l’intelligence artificielle (IA) et les deepfakes, sont désormais mobilisés pour soigner son image et nourrir la propagande.

Sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, TikTok, WhatsApp…), plusieurs vidéos truquées ont récemment circulé, mettant en scène des célébrités mondiales telles que Beyoncé, Rihanna ou encore Justin Bieber, apparaissant aux côtés du capitaine Traoré ou saluant son engagement pour le panafricanisme. Ces contenus générés par l’IA ont enregistré des milliers de vues et de réactions, contribuant à renforcer un récit favorable au leader burkinabè.

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Ces montages spectaculaires sont-ils commandités par le pouvoir de Ouagadougou ? Rien ne permet de l’affirmer, mais rien ne l’exclut non plus. Ce qui est certain, c’est que certains créateurs de contenus exploitent cette tendance à des fins de visibilité, voire de rentabilité. Le cas du Nigérian Oguji Nnamdi Kenneth est emblématique : l’une de ses vidéos deepfake lui aurait rapporté près de 2 000 dollars via sa chaîne YouTube.

Ce phénomène illustre les nouveaux défis de la lutte contre la désinformation en Afrique. Dans un contexte de fragilité démocratique et de polarisation croissante, la manipulation de l’opinion à l’aide de contenus artificiels soulève de sérieuses préoccupations. La bonne gouvernance repose sur la transparence et l’intégrité. La bataille pour une vérité numérique fiable est désormais inséparable des enjeux de souveraineté, de stabilité politique et de confiance citoyenne.

Les influenceurs panafricanistes gagneraient à promouvoir des contenus véridiques et responsables, plutôt qu’à instrumentaliser la technologie pour diffuser des illusions. La défense de l’Afrique ne peut se construire sur le mensonge numérique.

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