La route migratoire entre le Sénégal et les îles Canaries, bien que longue de seulement 1 700 kilomètres, demeure l’une des plus meurtrières au monde. En 2023, l’ONG espagnole Caminando Fronteras a recensé plus de 3 000 morts dans cette traversée, un chiffre probablement sous-estimé en raison des nombreuses disparitions en mer.
En août 2023, le naufrage d’une pirogue au large de Fass Boye, un village de pêcheurs à 140 kilomètres au nord de Dakar, lève le voile sur l’ampleur de cette tragédie. Parmi les 101 passagers, essentiellement de jeunes pêcheurs, 63 ont perdu la vie.
Ce drame couve une réalité alarmante : la crise de la pêche traditionnelle au Sénégal pousse de plus en plus de pêcheurs à tenter leur chance en Europe via des voies irrégulières.
En effet, la pêche artisanale, qui constituait la principale activité économique de ces villages côtiers, est en déclin depuis plus d’une décennie. En cause, la surpêche industrielle et la pêche illégale opérées par des flottes étrangères.
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Selon un rapport de l’ONG Environmental Justice Foundation (EJF) publié en mai 2024, ces pratiques détruisent non seulement les ressources halieutiques, mais aggravent aussi les difficultés socio-économiques et compromettent la sécurité alimentaire des populations locales.
En 2024, l’Espagne a enregistré 63 970 arrivées de migrants irréguliers, soit plus du double par rapport à 2022. Une grande partie de ces migrants ont débarqué sur les îles Canaries, où leur nombre a augmenté de 200 % en deux ans.
Un flux migratoire croissant directement lié à la détérioration des conditions de vie dans les communautés de pêcheurs sénégalais.
Pour les experts, il faut mettre en place des solutions urgentes pour réguler la pêche, protéger les ressources marines et offrir des alternatives économiques à ces populations, afin d’endiguer ce drame humain récurrent.
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