Adrien Houngbédji, la tentation du retour, le refus du renoncement
Il est des fins qu’on devrait savoir accepter. Des départs qu’on devrait savoir honorer. Mais certains hommes politiques, même au seuil de l’Histoire, refusent d’y entrer avec humilité. Adrien Houngbédji en fait partie. À 83 ans, l’ancien président de l’Assemblée nationale, fondateur du Parti du Renouveau Démocratique (PRD), refuse de tirer sa révérence. Et tente un dernier acte : faire croire à une résurrection politique… impossible.
Le retour du fantôme
Depuis plusieurs semaines, Adrien Houngbédji (en escale entre le Canada, Paris et Porto-Novo) multiplie les rencontres informelles : femmes leaders, jeunes militants, chefs de quartier, anciens élus… Il s’entretient avec Ganiou Soglo, Bertin Koovi, reprend langue avec Boni Yayi et les députés du parti Les Démocrates. Il essaie même de renouer avec d’anciens maires ou députés, aujourd’hui englués dans l’Union Progressiste Le Renouveau (UPR).
Mais toujours revient cette même question, faussement anodine, totalement calculée : “Qu’avez-vous réellement gagné dans l’UPR ou avec Talon ?”
Un doute semé avec habileté. Un soupçon soufflé comme une brise dans les couloirs du renoncement. Une tentative de faire revivre le PRD… alors même qu’il est juridiquement mort.
LIRE AUSSI : Bénin / Le parti PRD : Adrien Houngbédji, l’homme-orchestre d’un retour fantôme ?
Un parti dissous… mais un ego intact
La réalité est pourtant implacable : le PRD n’existe plus dans les registres du ministère de l’Intérieur. Il a été dissous et absorbé dans l’UPR en 2022, avec promesses, larmes et ovations. Houngbédji lui-même avait alors salué une “confiance retrouvée” et “l’alchimie du dépassement”.
Mais aujourd’hui, ce même homme souffle sur les braises de la division. Les tracts anonymes qui circulent, les communiqués signés par de soi-disant “sections fidèles” ne sont que les fantômes d’un parti enterré, agités par un homme qui n’a pas digéré sa propre disparition.
Adrien Houngbédji : le vieux lion veut encore rugir
Il avait pourtant annoncé son retrait. Promis le relais à la “génération montante”. S’engageait à accompagner, non à manipuler. Mais le silence n’est pas son terrain. Houngbédji ne veut pas seulement exister dans les livres : il veut encore peser dans les urnes. Même si, pour cela, il doit fragiliser ce qu’il a contribué à bâtir.
C’est une stratégie du doute, un calcul du chaos. Il questionne, il soupçonne, il teste. Pas pour triompher. Juste pour rester dans le jeu.
La stratégie du vide… et du ressentiment
Car derrière cette agitation, il n’y a ni projet politique, ni appareil organisé, ni base électorale. Il n’y a qu’un nom. Une nostalgie. Une blessure d’ego mal cicatrisée.
En renouant avec Les Démocrates, en flirtant avec les Soglo, Houngbédji ne cherche pas la construction. Il cherche la perturbation. Il ne veut pas gouverner, il veut encore faire trembler. Même si cela signifie affaiblir l’UPR, semer la zizanie, retarder l’émergence de nouveaux leaders, brouiller le message de confiance envoyé en 2022.
LIRE AUSSI : La politique n’absout pas : l’évasion n’est pas un droit
Un contresens historique
Il faut le dire clairement : le PRD ne peut pas renaître. Il ne doit pas renaître. Car sa tentative de retour n’est ni légitime, ni stratégique. Elle est personnelle, narcissique, et anachronique.
En 2022, Houngbédji déclarait : “Le jour où il faudra relire les accords pour se comprendre, c’est que la confiance aura disparu”.
Ce jour est arrivé. Et celui qui avait théorisé la grandeur de la transmission s’accroche aujourd’hui à la mesquinerie de la réanimation factice.
Le devoir de sortir par le haut
Adrien Houngbédji a été un homme de combats. Il lui reste à devenir un homme de sortie. L’Histoire ne s’écrit pas avec des rancunes, mais avec du recul. Pas dans les murmures des ruelles de Porto-Novo, mais dans les silences de dignité.
Il disait encore, en fusionnant son parti à l’UPR : “Nous renouvelons notre adhésion au Président Patrice Talon, à son leadership éclairé, et à son talent de bâtisseur”.
Des mots forts. Solennels. Respectés par ses militants. Trahis par ses actes. Le Bénin a tourné la page. Qu’il en soit de même pour lui.
La résurrection du PRD ? Une illusion. Une opération d’ego. Un contresens historique.
Le Bénin n’a pas besoin d’un PRD-zombie. Il a besoin d’un avenir.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
Views: 229