Aux États-Unis, les experts sélectionnés par Robert Kennedy Jr., ministre de la Santé vaccinosceptique de Donald Trump, ont longuement débattu jeudi 5 décembre 2025 d’un possible abandon de la recommandation systématique du vaccin contre l’hépatite B à la naissance. Le comité doit voter vendredi sur une proposition déjà contestée par une grande partie de la communauté scientifique.
Ce Comité consultatif sur les pratiques de vaccination (ACIP), dont les recommandations orientent traditionnellement la politique fédérale, a récemment bouleversé le calendrier vaccinal du Covid-19 et de la rougeole, ce qui accentue la rupture avec les milieux scientifiques. Désormais composé de personnalités critiquées pour leur manque d’expertise ou leurs prises de position antivaccins, il aborde l’hépatite B, mais aussi la place de l’aluminium dans les vaccins et l’ensemble du calendrier vaccinal pédiatrique.
Inquiétudes croissantes dans le corps médical
La communauté médicale se dit alarmée face aux tensions idéologiques qui s’installent. Les taux de vaccination reculent depuis la pandémie, une situation qui fait craindre le retour de maladies graves comme la rougeole. Plusieurs associations de soignants ont condamnée jeudi l’appui accordé à des arguments jugés « non scientifiques » par les nouveaux membres du comité.
La proposition examinée consiste à recommander la vaccination contre l’hépatite B dès la naissance uniquement pour les enfants nés de mères porteuses du virus. Les autres recevraient la première dose deux mois après la naissance, comme en France et dans d’autres pays développés. Des spécialistes soulignent toutefois que ces pays disposent d’un suivi pédiatrique beaucoup plus uniforme qu’aux États-Unis.
Pour Jose Romero, infectiologue et ancien membre de l’ACIP, un tel changement reste « injustifié » et risque de fragiliser les nourrissons les plus vulnérables. « Ce serait irresponsable, irrespectueux et très préjudiciable », avertit également la médecin Flor Munoz, de la National Foundation for Infectious Diseases.
L’hépatite B se transmet notamment lors de l’accouchement. Selon les experts, l’absence de vaccination place les nourrissons dans un risque extrême : jusqu’à 90 % d’entre eux développeraient une infection chronique, et un sur quatre décéderait ultérieurement de complications liées à la maladie.
Une politique vaccinale en pleine refonte
Depuis son arrivée au ministère, Robert Kennedy Jr. a engagé un vaste remodelage de la politique vaccinale américaine. Plusieurs experts reconnus ont été évincés, certains financements destinés au développement de vaccins ont disparu, et les révisions actuelles pourraient être suivies d’une réforme encore plus large. Un document interne récemment divulgué indique que le ministre envisagerait une refonte des procédures d’approbation des vaccins aux États-Unis.
Le vote prévu vendredi déterminera si l’ACIP déclenche ou non un changement majeur dans la stratégie nationale contre l’hépatite B, dans un contexte où la politique vaccinale américaine se retrouve profondément divisée.
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