jeudi 8 mai 2025

Dans l’ombre du conclave, l’aiguille prépare déjà le pape

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Alors que les regards du monde convergent vers la chapelle Sixtine, une autre pièce, discrète mais essentielle, se joue dans l’arrière-boutique d’un tailleur romain. Là où le silence de l’attente se mêle au bruissement des étoffes, la soutane du prochain pape attend déjà son porteur.

À deux pas du Vatican, via Borgo Pio, le rideau du conclave 2025 s’entrouvre sur un autre théâtre : celui de la boutique Mancinelli. Tandis que les cardinaux prient, discernent, et s’apprêtent à élire le successeur de saint Pierre, Raniero Mancinelli, 86 ans, poursuit son œuvre dans une semi-obscurité empreinte de recueillement. Depuis plus de soixante ans, il habille les papes. Jean-Paul II, Benoît XVI, François : tous ont porté les fruits de son savoir-faire.

Fidèle à une tradition que rien n’ordonne mais que tout impose, Mancinelli a déjà préparé trois soutanes blanches – petite, moyenne, grande. Car nul ne sait qui sera élu, ni sa stature. « L’Esprit Saint ne prévient pas le tailleur », glisse-t-on, avec un sourire complice.

Dans cet atelier où le temps semble suspendu, chaque détail est prêt : soutane immaculée, ceinture, mosette, calotte, croix pectorale. Même les chaussures attendent, silencieuses, dans leur boîte. À Rome, les caméras ne pardonnent ni faux pli, ni ourlet de travers. Et lorsque les cloches sonneront l’Habemus Papam, tout devra être parfait.

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Mais la parure pontificale ne se limite pas au tissu. À la Maison du Vatican, on travaille aussi à l’anneau du Pêcheur, symbole du pouvoir spirituel hérité de Pierre. Chaque nouveau pape en reçoit un, fondu spécialement pour lui, gravé à son nom. Des maquettes sont déjà prêtes. Là encore, on anticipe l’inconnu avec une foi méticuleuse.

Le choix des chaussures, lui, raconte une part d’intimité. Jean-Paul II préférait le noir classique. Benoît XVI optait pour le rouge cardinal, confectionné à la main. François, plus austère, a gardé ses vieilles chaussures noires venues de Buenos Aires. Quel que soit son style, le prochain pape aura ses modèles. Prêts à chausser une mission.

Dans l’atelier Mancinelli, la succession se prépare aussi. Lorenzo, petit-fils de Raniero, 23 ans, perpétue le geste. Formé dans le culte du détail et la discrétion du sacré, il incarne la transmission d’un métier unique : habilleur de pontifes, ouvrier de la foi.

Pendant que le monde attend la fumée blanche, eux attendent sans un mot. Ils ne spéculent pas. Ils cousent. Et lorsque le nom du nouveau pape sera proclamé, une partie de son image (celle qui apparaîtra au balcon) aura déjà été dessinée, repassée, ajustée. Dans un silence cousu main.

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