mardi 13 mai 2025

Retour du Kataklè : un symbole de mémoire et de pouvoir retrouvé

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Le Kataklè, trône d’intronisation des princes du royaume du Dahomey, est bien plus qu’un simple objet d’art. Sa récente restitution au Bénin par la Finlande marque un tournant historique dans la reconquête de l’héritage culturel du pays. Derrière cet acte, se cache une histoire complexe de pillage, d’échanges diplomatiques et de redécouverte d’une mémoire longtemps oubliée.

1. Le Kataklè : un trône, pas un simple tabouret

Ce n’est pas un tabouret ordinaire, ni un simple meuble sculpté. Le Kataklè est un trône monoxyle, réalisé dans un seul bloc de bois, finement gravé et imprégné des rites ancestraux du Dahomey. Ce trône d’intronisation était réservé aux moments solennels des cérémonies royales, un symbole de pouvoir et de légitimité pour les princes du royaume. Il incarne une mémoire vivante, celle des rituels de cour à Abomey, capitale du royaume, et témoigne de la richesse des traditions dahoméennes, un peuple dont l’histoire se caractérise par sa complexité, sa grandeur et ses luttes.

Le Kataklè ne représente pas uniquement un objet d’art ; il est la clé d’une époque, d’une civilisation florissante qui a dominé l’ancienne région du Dahomey (actuel Bénin). Le retour de ce trône est donc un retour symbolique de toute une culture qui, trop souvent, a été effacée par les affres de l’histoire coloniale.

2. Un objet restitué par la Finlande, et non la France

Le Kataklè a été pillé en 1892 par le général français Alfred Dodds lors des expéditions coloniales menées dans le royaume du Dahomey. Il a ensuite été remis au musée du Trocadéro à Paris, avant d’être échangé en 1939 contre des objets Samis de Finlande. À une époque où les principes de conservation et d’inaliénabilité des collections n’étaient pas aussi stricts, cette transaction a été effectuée sans l’ombre d’une conscience historique.

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Ce n’est qu’en 2022, dans le cadre d’une enquête menée par l’historien Pierre Firtion et la chercheuse Pilvi Vainonen, que le Kataklè a été retrouvé dans les réserves du Musée national de Finlande. Ironiquement, la Finlande ignorait jusqu’alors être le dépositaire de cet objet historique, qui y avait été stocké depuis son arrivée en Europe, à la veille de la Seconde Guerre mondiale. Dès sa redécouverte, les autorités finlandaises ont pris la décision de restituer le Kataklè au Bénin, dans un geste symbolique de réconciliation et de réparation.

3. Le Kataklè, un porteur de mémoire vivante

Loin d’être un simple vestige figé dans le temps, le Kataklè porte avec lui une mémoire vivante, celle d’un royaume aux traditions vibrantes et aux racines profondes. Sa restitution permet non seulement de réparer un dommage historique, mais aussi de renforcer le lien entre le peuple béninois et son passé. À une époque où l’histoire du Dahomey reste encore peu accessible et souvent mal comprise, le retour du Kataklè permet à la jeune génération béninoise de renouer avec un fragment essentiel de son identité culturelle.

Ce trône s’inscrit dans un mouvement plus large de restitution des artefacts culturels africains, amorcé par la France avec le retour de 26 œuvres en 2021. Le Kataklè, en tant que symbole de la grandeur du royaume du Dahomey, est l’un des nombreux objets qui préfigurent un avenir où l’histoire africaine sera mieux connue et valorisée. La Finlande, par ce geste de restitution, ouvre une nouvelle ère dans les relations culturelles internationales, marquée par la reconnaissance de l’importance de la mémoire collective et du patrimoine.

Ainsi, à travers ce retour, le Kataklè devient bien plus qu’un objet d’art : il est un pont entre les générations, un héritage retrouvé qui permet à la mémoire du royaume du Dahomey de continuer à vivre et à inspirer les peuples d’aujourd’hui.

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