L’escalade militaire entre Israël et l’Iran a franchi un nouveau seuil ce dimanche 15 juin, avec des frappes massives menées par Tsahal sur plusieurs villes iraniennes, dont la capitale Téhéran et Machhad, au nord-est du pays. Le gouvernement israélien affirme avoir ciblé des centres de commandement des Gardiens de la Révolution, notamment la Force Al-Qods, bras armé des opérations extérieures du régime.
Le bilan humain est lourd. Le ministère iranien de la Santé a confirmé au moins 224 morts, dont de nombreuses femmes et enfants, et plus de 1 000 blessés. Côté israélien, les frappes de représailles iraniennes lancées depuis vendredi ont déjà causé au moins 17 morts et plusieurs centaines de blessés, selon les services de secours.
Civils piégés entre deux feux
À Téhéran, les sirènes hurlent à chaque nouvelle attaque, et les habitants vivent au rythme des explosions et des alertes. Les habitants sont « submergés par la peur, la colère et l’incertitude ». Beaucoup fuient la capitale, mais les frappes aériennes israéliennes, souvent dirigées contre des installations en zone urbaine, font chaque jour de nouvelles victimes collatérales.
« Nous sommes fatigués. On ne peut pas vivre éternellement dans un abri », confie un habitant de Tel-Aviv, où la nuit de dimanche à lundi a été ponctuée d’explosions. L’armée israélienne a confirmé que plusieurs bâtiments résidentiels ont été touchés par les missiles balistiques iraniens, entraînant un nouveau bilan de cinq morts et 92 blessés.
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Une diplomatie piégée par le feu
Alors que le spectre d’un embrasement régional se précise, les voix diplomatiques peinent à se faire entendre. L’Allemagne, par la voix de son chancelier Friedrich Merz, espère une avancée lors du sommet du G7. Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a quant à elle plaidé pour une solution « négociée » avec Téhéran, tout en affirmant son opposition au programme nucléaire iranien.
Mais ces appels restent pour l’heure lettre morte. Les négociations prévues ce 15 juin entre l’Iran et les États-Unis à Oman ont été annulées, Téhéran posant comme condition préalable un arrêt des frappes israéliennes. Le président iranien a promis une « riposte plus forte » en cas de poursuite des attaques.
De son côté, Donald Trump, potentiel candidat à la présidentielle américaine de 2026, a déclaré à ABC News qu’il était ouvert à une médiation russe, jugeant « possible » l’implication des États-Unis dans ce conflit « aux conséquences globales ».
Une guerre d’images et de missiles
L’échange de frappes s’inscrit aussi dans une guerre psychologique. L’Iran a revendiqué des tirs de missiles « efficaces » contre des cibles israéliennes, promettant des attaques « plus dévastatrices » si Israël continue ses offensives. Israël, de son côté, continue de frapper des objectifs jugés stratégiques, affirmant avoir opéré grâce à des renseignements précis.
Mais malgré l’efficacité affichée de son bouclier antimissiles, saluée par le général français Jean-Paul Paloméros (plus de 80 % d’interceptions), Israël admet certaines vulnérabilités. « Aucune défense n’est hermétique », a-t-il précisé, soulignant que l’Europe ne dispose pas d’un système comparable.
Le prix d’une politique de confrontation
Pour de nombreux Iraniens, la situation actuelle est l’amère conséquence de 46 ans de politique anti-occidentale et anti-israélienne, qui semble aujourd’hui avoir conduit à l’impasse et au chaos. La chute rapide de plusieurs commandants iraniens depuis le début des frappes ravive aussi les mémoires du soulèvement « Femme, Vie, Liberté », au cours duquel des milliers de civils avaient été arrêtés, battus ou tués.
Et maintenant ?
Les deux pays, ennemis historiques, semblent engagés dans une logique de représailles sans fin. Si Israël affirme avoir touché avec succès plusieurs cibles stratégiques, la résilience iranienne, combinée à son arsenal balistique, rend toute victoire rapide illusoire. Les ambassades américaines en Israël sont fermées, les villes israéliennes comme Tel-Aviv vivent au ralenti, et le monde retient son souffle.
Un diplomate européen résumait la situation dans les couloirs de Bruxelles : « Nous sommes au bord d’une guerre que personne ne sait comment arrêter ».
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