Jamais, depuis le début des années 1990, la France métropolitaine n’avait enregistré un taux de pauvreté aussi élevé. Selon l’étude annuelle publiée ce lundi par l’Insee, 15,4 % de la population vivait sous le seuil de pauvreté en 2023, contre 14,4 % en 2022. Soit une hausse de près d’un point en un an, représentant 650 000 personnes supplémentaires, pour un total de 9,8 millions de Français concernés.
Le seuil de pauvreté est fixé à 1 288 euros mensuels pour une personne seule, soit 60 % du revenu médian. Cette flambée est directement liée, selon l’Insee, à l’arrêt des aides exceptionnelles mises en place durant la crise inflationniste de 2022, comme la prime de rentrée ou l’indemnité inflation. Le développement des micro-entreprises peu rentables parmi les non-salariés a également contribué à fragiliser les revenus des plus modestes.
Autre signal d’alerte : les inégalités se sont creusées « fortement » en 2023. Tandis que les revenus des plus riches ont progressé (portés par un marché de l’emploi porteur et les rendements financiers), ceux des plus modestes n’ont pas suivi le rythme de l’inflation.
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Parmi les plus touchés, les familles monoparentales, dont le taux de pauvreté bondit de 2,9 points, et les chômeurs (+0,8 point). Les retraités, eux, sont un peu moins exposés (+0,3 point) grâce à la revalorisation du minimum contributif.
Pour les associations, ces chiffres sont alarmants, mais peu surprenants. « Les coupures d’énergie explosent, les expulsions locatives aussi. On constate une montée inquiétante de la précarité », déplore Manuel Domergue de la Fondation Abbé Pierre. Le collectif Alerte qui regroupe 37 associations, interpelle le gouvernement sur l’urgence de mesures structurelles. « Il ne s’agit plus de rustines mais d’un plan de lutte contre la pauvreté ambitieux », insiste Delphine Rouilleault, sa présidente.
En toile de fond, une inquiétude partagée : celle d’une « année blanche » de non-revalorisation des prestations sociales, qui aggraverait encore les disparités. Pour l’heure, l’Insee rappelle que son étude ne couvre ni les Outre-mer, ni les sans-abris.
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