Les liens entre pollution de l’air et santé cérébrale se précisent. Une nouvelle étude publiée dans The Lancet Planetary Health confirme une corrélation. Selon l’étude, l’exposition prolongée à certains polluants accroît nettement le risque de démence. Menée par l’Université de Cambridge, cette synthèse internationale s’appuie sur une cinquantaine de recherches conduites sur quatre continents.
Trois polluants sont identifiés comme particulièrement nocifs pour le cerveau : les particules fines (PM2,5), le dioxyde d’azote (NO₂) et la suie. L’analyse révèle qu’une augmentation de 10 µg/m³ de PM2,5 élève le risque de démence de 17 %. Ces particules, émises principalement par les véhicules, les industries et la combustion domestique, pénètrent profondément dans l’organisme, atteignant même le système nerveux central.
La suie, résidu noir issu des moteurs diesel et de certaines activités industrielles, aggrave aussi le risque. Un seul microgramme par mètre cube d’exposition suffirait à le faire croître de 13 %. À cela s’ajoute le dioxyde d’azote, gaz irritant bien connu, mais désormais pointé du doigt pour ses effets cognitifs.
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Cette alerte sanitaire survient dans un contexte de vieillissement accéléré des populations. La démence touche déjà 60 millions de personnes et pourrait en affecter 152,8 millions d’ici 2050. Au-delà des pertes humaines, c’est un fardeau économique considérable qui pèse sur les systèmes de santé.
L’enjeu n’est pas uniquement médical. L’étude insiste sur la dimension intersectorielle de la prévention : l’urbanisme, la politique énergétique ou les transports ont un rôle déterminant. « Réduire l’exposition à la pollution pourrait ralentir la progression de la démence à une échelle populationnelle », affirment les auteurs.
Face à des niveaux de pollution toujours élevés dans de nombreuses villes, les résultats appellent à un renforcement des normes. À Paris, la concentration moyenne de PM2,5 en 2023 atteignait 10,3 µg/m³, soit plus du double de la recommandation de l’OMS (5 µg/m³). Un écart qui pourrait peser lourd sur la santé cognitive des citadins.
Cette étude élargit ainsi le spectre des conséquences de la pollution, longtemps cantonnées aux pathologies respiratoires et cardiovasculaires. Elle souligne aussi l’urgence d’une réponse politique globale, où la santé environnementale devient un pilier stratégique des politiques de prévention.
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