Premier producteur mondial d’ananas « Pain de Sucre », le Bénin s’impose sur le marché international grâce à la qualité exceptionnelle de ce fruit emblématique du terroir. Pourtant, malgré une production annuelle estimée à 300 000 tonnes, la filière peine à atteindre son plein potentiel. Difficultés de commercialisation, pertes post-récolte, et manque de débouchés structurés découragent de nombreux producteurs.
Pour répondre à ces défis, Biolife Tech, une start-up béninoise spécialisée dans les solutions agritech, a lancé une application mobile innovante : e-pineA. Objectif : faciliter l’accès des producteurs d’ananas aux marchés locaux et internationaux, et optimiser la gestion de leur production.
Une solution numérique au service des producteurs
Disponible sur Android, l’application e-pineA permet aux agriculteurs de cartographier leur exploitation et de renseigner des données clés sur leur activité : surface cultivée, variété plantée, dates de mise en culture, estimations de rendement… Grâce à ces informations, la technologie développée par Biolife Tech prédit les périodes de maturité et les volumes disponibles.
« Le principe est simple », explique Lucien Medjiko, co-créateur de l’application. « À partir des données renseignées, notre technologie analyse le tout et permet aux acheteurs, à Cotonou comme à Niamey, de connaître en temps réel la maturité des champs et la quantité d’ananas disponible. Tout se fait depuis l’application, téléchargeable sur Play Store ».
Depuis son lancement, e-pineA a déjà connecté plus de 1 800 producteurs et 200 acheteurs, facilitant les transactions et réduisant considérablement les pertes liées à la mévente ou au pourrissement des fruits.
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Un impact concret sur le terrain
À Zè, commune réputée pour sa production d’ananas bio, Apollinaire Houeton témoigne des bénéfices de cette innovation. Longtemps confronté à l’impossibilité d’écouler sa récolte, il a failli abandonner cette culture. Aujourd’hui, grâce à e-pineA, la donne a changé.
« Je produis de l’ananas biologique. Avant, une partie restait dans le champ et pourrissait faute de débouchés. Mais avec Biolife, on arrive à vendre nos produits à temps. Sur 50 tonnes, on n’en exportait que 3 à 5. Maintenant, on atteint jusqu’à 10 tonnes exportées. C’est bien mieux », confie-t-il.
Ce progrès a été rendu possible grâce au soutien de Digital Africa, filiale de Proparco, qui a octroyé un financement de 32 millions de francs CFA (environ 50 000 euros) à la start-up béninoise, lui permettant de franchir une nouvelle étape dans son développement.
Un modèle extensible à d’autres cultures
Pour Grégoire De Padirac, directeur général de Digital Africa, e-pineA incarne le potentiel du numérique dans la transformation du secteur agricole en Afrique :
« Le digital peut considérablement améliorer l’efficacité de la filière, de la production à la distribution. e-pineA permet à une multitude de petits producteurs, souvent isolés, d’accéder à un marché bien plus vaste, qu’il soit local ou destiné à l’exportation. Avant, un agriculteur pouvait perdre jusqu’à 40 % de sa récolte faute de débouché. Ce n’est plus une fatalité ».
Bien que l’application soit aujourd’hui dédiée à la filière ananas, ses concepteurs ambitionnent de l’étendre à d’autres produits agricoles : avocat, banane, manioc, maïs, mangue, karité… autant de filières qui pourraient, elles aussi, bénéficier de cette révolution numérique.
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