Peu de ministres africains des Finances ont autant marqué leur pays que Romuald Wadagni. Pilier de la transformation économique du Bénin depuis 2016, cet ancien associé de Deloitte, formé à Grenoble et à Harvard, est désormais le candidat unique de la mouvance présidentielle pour l’élection de 2026. Portrait d’un technocrate discret et efficace, devenu homme d’État.
Des racines modestes à Lokossa
Né en 1976 à Lokossa, dans le sud-ouest du Bénin, Romuald Wadagni grandit loin des cercles de pouvoir. Son père, Nestor Wadagni, ingénieur statisticien et docteur en mathématiques, lui transmet la rigueur intellectuelle, tandis que sa mère, entrepreneure, l’initie au goût du risque et à l’esprit d’initiative. Elevé en partie par ses grands-parents, il découvre très tôt la valeur de l’effort à travers les travaux champêtres.
Cette enfance marquée par l’humilité forge une personnalité disciplinée, passionnée de mathématiques, mais aussi sportive. Judoka, il décroche une ceinture noire, cultivant dès son jeune âge endurance, stratégie et persévérance.
Une ascension internationale fulgurante
Après des études de gestion, finance et audit à Grenoble, puis un passage à Harvard, Wadagni intègre le cabinet Deloitte. En 2012, à seulement 36 ans, il devient associé, un fait rare pour un Africain francophone.
De Paris à Boston, en passant par New York, Kinshasa et Lubumbashi, il accompagne gouvernements et multinationales dans des missions de haut niveau, couvrant l’énergie, les télécommunications et les services financiers. Sa réputation de rigueur et son leadership lui ouvrent les portes d’un réseau international de décideurs économiques et politiques.
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Le pari du retour au pays
En 2016, Patrice Talon, fraîchement élu, le rappelle au Bénin pour piloter les finances publiques. La situation est critique : déficit élevé, dette instable, faible attractivité pour les investisseurs.
Huit ans plus tard, le pays affiche une trajectoire économique saluée dans le monde entier :
* Croissance de 7,5 % en 2024.
* Première notation souveraine BB- par Standard & Poor’s.
* Eurobonds sursouscrits, dont une levée record de 750 millions USD en 2024.
* Introduction d’obligations vertes, gage d’innovation financière.
Ces chiffres se traduisent par des transformations visibles : routes, logements sociaux, hôpitaux modernisés, écoles réhabilitées et cantines scolaires bénéficiant à plus d’un million d’élèves.
Plus qu’un ministre des Finances
Wadagni s’est également impliqué dans des dossiers stratégiques : modernisation des forces de sécurité, industrialisation via la zone économique spéciale de Glo-Djigbé (GDIZ) et projets de souveraineté alimentaire. Promoteur et copromoteur de fermes dans le pays, il croit fermement au potentiel agricole du Bénin et en fait un axe central de développement.
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Une reconnaissance internationale rare
Sacré « Meilleur ministre des Finances d’Afrique » par The Banker en 2025, plusieurs fois primé par Financial Afrik, Wadagni a aussi présidé le Conseil des gouverneurs de la Banque islamique de développement et celui de la Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO. Ces distinctions renforcent le crédit du Bénin et assoient sa propre stature internationale.
L’héritier naturel de Patrice Talon
En août 2025, sa désignation comme candidat unique de la mouvance présidentielle scelle sa transition vers la politique au premier plan. Soutenu par des figures historiques telles que Nicéphore Soglo, Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji ou encore Ousmane Batoko, il est présenté comme l’héritier naturel de Patrice Talon.
Ses partisans saluent un homme sobre, intègre et travailleur, porteur de la continuité de la « Rupture » : dynamisation du climat des affaires, modernisation de l’État, discipline budgétaire et rayonnement international du Bénin. Sa rigueur et sa maîtrise des chiffres, alliées à sa vision stratégique, sont perçues comme des atouts majeurs pour transformer le pays et relever les défis de son développement.
Cap sur 2026
À l’approche de la présidentielle de 2026, Romuald Wadagni s’impose comme l’un des visages les plus scrutés du continent. De l’enfant de Lokossa au « goat de la finance », son parcours illustre la trajectoire d’un technocrate devenu homme d’État. Mais l’épreuve des urnes ne sera qu’un début : s’il accède à la magistrature suprême, il lui faudra démontrer que la rigueur des chiffres peut se transformer en vision sociale et politique, capable de répondre aux aspirations profondes d’un Bénin en quête de modernité, de justice et de cohésion nationale.
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