Ancien président de la République et actuel patron du parti Les Démocrates, Boni Yayi a quitté Cotonou vendredi 12 septembre pour Brazzaville. Officiellement, il s’agissait d’un séjour privé, effectué en compagnie de l’une de ses filles. Officieusement, ce déplacement cachait des enjeux politiques de premier plan.
À Brazzaville, l’ancien chef d’État béninois a multiplié les rencontres. Point d’orgue de son agenda : un entretien confidentiel avec Denis Sassou Nguesso, qu’il connaît de longue date et avec qui il a su entretenir des relations cordiales depuis son passage au pouvoir. L’un des fils du hasard ou des affaires : une de ses filles est installée dans la capitale congolaise où elle y mène des affaires, et plusieurs membres de la famille Yayi y voyagent régulièrement.
Mais la rencontre tant attendue avec le maître du Congo n’a pas eu l’écho espéré. Selon des indiscrétions, Boni Yayi était venu solliciter l’onction de Sassou Nguesso sur le duo qu’il entend imposer à la tête de son parti en vue de la présidentielle béninoise de 2026, avec l’ambition de bénéficier de ses réseaux et de ses appuis financiers. La réponse fut plus tiède que prévue. Son hôte, embarrassé mais ferme, lui aurait conseillé de revoir sa copie. Denis Sassou Nguesso aurait rappelé, non sans tact, que Romuald Wadagni, ministre béninois de l’Économie et des Finances, jouit d’une forte admiration auprès de ses pairs africains. Plus encore, il aurait invité Boni Yayi à rechercher un consensus à l’interne, en ouvrant le dialogue avec les instances de son propre parti.C’est surement ce nouveau calendrier qui sera déroulé dans les prochaines heures à Cotonou.
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Résultat : l’ancien président a regagné Cadjèhoun lundi soir, bredouille. Cet échec diplomatique l’oblige à redistribuer les cartes au moment même où les échéances électorales se rapprochent inexorablement. Mais, pendant que Yayi tente de rallier des soutiens en Afrique centrale, d’autres figures de son parti affûtent déjà leurs armes. Éric Houndété et Nouroudine Sacca Saley, deux prétendants déclarés, ont activé leurs réseaux l’un du côté dela Abidjan et Paris et l’autre de Lagos et Abuja. Objectif : décrocher des soutiens politiques et financiers de poids capables de peser dans la balance interne. Leur lobbying, conduit dans les coulisses, vise autant à renforcer leur propre stature qu’à affaiblir la capacité de Boni Yayi à imposer son choix.
La bataille d’influence au sein des Démocrates est désormais ouverte. Tandis que Yayi tente de s’appuyer sur son aura d’ancien chef d’État et ses connexions régionales, ses lieutenants les plus ambitieux cherchent à se poser en alternatives crédibles, adossées à des soutiens extérieurs.
En attendant, le temps joue contre lui. Son projet de désignation unilatérale se heurte à une résistance organisée, et ses faux pas diplomatiques alimentent les calculs de ses rivaux internes. Pendant ce temps, Les Démocrates continuent de gagner du tems en accusant le le pouvoir en place, l’accusant de bloquer la délivrance des quitus fiscaux, condition indispensable pour la participation des candidats.
Boni Yayi voulait revenir de Brazzaville auréolé d’un adoubement régional. Il revient avec un avertissement : la vraie bataille se joue d’abord à l’intérieur de son parti, là où les ambitions se frottent et où les influences se croisent.
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