Les tensions au sein du parti d’opposition Les Démocrates atteignent un nouveau sommet.
Dans une déclaration rendue publique ce dimanche 19 octobre 2025, Michel François Oloutoyé Sodjinou, coordonnateur de la 19ᵉ circonscription électorale du parti, a directement mis en cause le président du parti, Thomas Boni Yayi, qu’il accuse d’avoir « sciemment conduit le parti à sa perte » lors du processus de désignation du candidat à la présidentielle.
« Boni Yayi a préféré sacrifier le parti à ses ambitions »
Dans sa sortie, Michel Sodjinou n’a pas mâché ses mots. Pour lui, la disqualification du parti Les Démocrates à la prochaine élection présidentielle résulte avant tout d’un choix personnel et calculé de l’ancien chef de l’État.
« Face à l’ultimatum, il a préféré sacrifier le parti et sa participation aux élections sur l’autel de ses ambitions, en maintenant l’imposition de Maître Renaud Agbodjo », a martelé l’élu.
Selon Sodjinou, Boni Yayi aurait refusé toute médiation interne et ignoré ses appels au dialogue pour trouver un consensus sur le candidat à présenter à la CENA. « Je lui avais clairement écrit que j’étais ouvert à un compromis, mais il a choisi le passage en force », soutient-il.
Cette version rejoint les inquiétudes exprimées par plusieurs cadres du parti, selon lesquels la gouvernance interne de l’ancien président serait devenue « autoritaire et unilatérale ».
Un leadership contesté au sein du parti
Depuis plusieurs semaines, des fissures apparaissent dans le camp des Démocrates. Des députés et coordonnateurs régionaux se plaignent d’un manque de démocratie interne, dénonçant une direction fermée, centralisée autour de Boni Yayi.
Michel Sodjinou s’est fait le porte-voix de cette fronde interne, accusant le président du parti d’imposer ses préférences personnelles sans consultation.
« Mon combat est pour la démocratie interne, pas contre une personne. Mais on ne peut pas prêcher la démocratie nationale et étouffer celle du parti », a-t-il déclaré.
Selon lui, la désignation de Maître Renaud Agbodjo (présenté comme le neveu de Boni Yayi) serait le symbole d’un clanisme politique incompatible avec les valeurs que le parti prétend défendre.
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Un choix qui fragilise Les Démocrates
Le maintien de Renaud Agbodjo comme candidat, malgré les contestations internes et la polémique autour de la fiche de parrainage, aurait conduit à la situation actuelle : un parti menacé d’exclusion du scrutin présidentiel. D’après Sodjinou, tout cela découle de la volonté de Boni Yayi d’imposer son autorité.
« Il savait que j’étais disposé à remettre ma fiche si un accord respectueux des règles était trouvé. Mais il a préféré le bras de fer », regrette-t-il.
Cette posture, qualifiée de « suicidaire » par certains analystes, met en péril la principale formation d’opposition au président Patrice Talon, à moins de six mois du scrutin de 2026.
Boni Yayi, un chef contesté mais toujours influent
Ancien président de la République (2006–2016) et figure tutélaire de l’opposition, Boni Yayi reste une personnalité charismatique et influente. Cependant, les critiques internes se multiplient depuis son retour à la tête du parti Les Démocrates en 2022.
Certains cadres lui reprochent d’avoir transformé le parti en « instrument personnel » plutôt qu’en plateforme pluraliste. D’autres dénoncent une stratégie d’affrontement permanent avec la mouvance présidentielle, au détriment du dialogue et de la reconstruction politique.
Pour l’heure, ni Boni Yayi ni le bureau exécutif national du parti n’ont réagi aux accusations de Michel Sodjinou. Des proches de l’ancien président affirment toutefois que « les décisions ont été prises dans le respect des statuts » et que « les contestataires cherchent à fragiliser le parti de l’intérieur ».
Vers une recomposition du paysage politique ?
Cette nouvelle crise interne pourrait accélérer une reconfiguration des forces d’opposition au Bénin. Plusieurs observateurs estiment que si le conflit entre Boni Yayi et les cadres frondeurs s’intensifie, une scission ou une nouvelle alliance pourrait voir le jour avant la présidentielle.
Michel Sodjinou, de son côté, dit vouloir rester dans le parti mais exige une réforme en profondeur : « Il est temps de tourner la page des méthodes du passé. Le Bénin mérite une opposition crédible, intègre et démocratique ».
Un test crucial pour l’avenir des Démocrates
Entre leadership contesté, désignation controversée et accusations de falsification, le parti Les Démocrates traverse une période critique. Le silence de Boni Yayi, jusque-là maître incontesté de la formation, pourrait bientôt se transformer en isolement politique si les voix dissidentes continuent de s’élever.
À quelques mois de la présidentielle, l’opposition béninoise se trouve à la croisée des chemins : poursuivre sous la houlette de Boni Yayi, ou rebâtir une nouvelle alternative autour d’une direction plus ouverte et collégiale.
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