Le coordonnateur de la 19ᵉ circonscription électorale, Michel François Oloutoyé Sodjinou, est sorti de son silence ce dimanche 19 octobre 2025. Dans une déclaration solennelle à la presse, il dénonce ce qu’il appelle les « contrevérités » et « manœuvres frauduleuses » du candidat désigné du parti, Renaud Agbodjo, et pointe du doigt la responsabilité du président Boni Yayi.
Une fiche de parrainage falsifiée selon Sodjinou
Selon Michel Sodjinou, le parti Les Démocrates aurait tenté de déposer auprès de la CENA une fiche de parrainage portant son nom, sans son accord.
« Sans mon avis, sans mon consentement, on a rempli ma fiche ! », a-t-il déclaré, affirmant que ce document aurait ensuite été falsifié avant d’être transmis à la commission électorale.
L’élu de la 19ᵉ circonscription affirme détenir des éléments susceptibles de fonder une plainte pour faux et usage de faux contre Renaud Agbodjo, le président du parti et d’autres cadres impliqués.
« Je choisis pour l’instant la retenue, mais tout est prêt pour saisir la justice », a-t-il prévenu.
Cette accusation intervient alors que la candidature du parti aux prochaines élections présidentielles est déjà compromise par le retrait de plusieurs parrainages, situation confirmée par plusieurs médias béninois et internationaux.
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« Une désignation téléguidée »
Pour Michel Sodjinou, la désignation de Maître Renaud Agbodjo comme candidat du parti n’a pas respecté les règles internes de démocratie et de concertation.
Il dénonce « une manœuvre orchestrée » visant à imposer un candidat choisi d’avance, au détriment du consensus.
« On nous impose finalement mon frère Renaud Agbodjo avec pour seuls critères qu’il est de Savè et neveu de Boni Yayi. Aucun critère de mérite ne justifie ce choix », a-t-il insisté.
Sodjinou se réclame du camp du président Éric Houndété, qu’il décrit comme un homme de conviction et de légitimité, et rejette toute idée d’alliance avec le pouvoir en place.
« Je n’ai jamais rencontré Patrice Talon, si ce n’est dans des manifestations officielles », a-t-il précisé, balayant les rumeurs de collusion avec la mouvance présidentielle.
Agbodjo accusé de manipulation médiatique
L’ancien député s’est également insurgé contre les déclarations de Renaud Agbodjo, qui affirmait samedi 18 octobre que « Sodjinou avait disparu ».
« Comment peut-il dire cela alors qu’il m’a parlé au téléphone ? Qu’il sait que j’étais à mon domicile et que j’ai retiré personnellement ma seconde fiche de parrainage à la CENA ? », s’est-il indigné. Il accuse Agbodjo d’avoir sciemment entretenu la confusion dans l’opinion publique pour masquer les irrégularités du processus de parrainage.
Un parti au bord de l’implosion
Sodjinou va plus loin et met en cause l’ancien président Boni Yayi, chef du parti Les Démocrates, qu’il accuse d’avoir « sacrifié » la participation du parti aux élections pour imposer son protégé.
« C’est Boni Yayi qui est responsable à part entière de la disqualification du parti. Il a préféré maintenir Agbodjo, quitte à nous éliminer de la course », a-t-il affirmé, visiblement amer.
Il appelle à un profond renouvellement de la vie politique interne du parti : « Il est temps de tourner la page du clanisme et de la politique de l’ombre. Le Bénin mérite une politique de transparence et de mérite ».
Un tournant pour Les Démocrates
Ces révélations jettent une lumière crue sur les tensions internes qui minent Les Démocrates, principale formation d’opposition.
Entre falsification présumée de documents, guerre de leadership et méfiance envers la direction, le parti fondé par Boni Yayi traverse sa plus grave crise depuis sa création.
Ni Renaud Agbodjo ni la direction nationale du parti n’ont, pour l’heure, officiellement réagi à la sortie de Michel Sodjinou. Mais selon plusieurs observateurs, ces accusations pourraient provoquer des remous durables, voire un éclatement du parti à l’approche des prochaines élections générales.
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