samedi 15 novembre 2025

Soudan : BNP Paribas reconnue responsable du financement du régime El-Béchir

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Un verdict sans précédent vient d’être prononcé aux États-Unis contre la banque française BNP Paribas. Un jury fédéral de New York a déclaré, vendredi 17 octobre 2025, l’établissement bancaire civilement responsable d’avoir permis des transactions au profit du régime soudanais d’Omar el-Béchir entre les années 1990 et 2009. Ces opérations auraient indirectement soutenu le financement des violences et des crimes commis durant cette période sombre de l’histoire du Soudan.

Trois plaignants américano-soudanais, victimes de ces exactions, ont obtenu une indemnisation totale de plus de 20 millions de dollars. Ils affirment avoir été torturés ou persécutés sous le régime de Béchir, alors que BNP Paribas aurait permis à Khartoum d’accéder au système financier international malgré les sanctions américaines en vigueur.

Le jury a estimé que la banque avait agi en toute connaissance de cause, en fournissant au Soudan des lettres de crédit et des facilités bancaires qui lui ont permis d’écouler son pétrole et d’importer des biens stratégiques. Ces transactions auraient ainsi indirectement alimenté la machine répressive du régime.

BNP Paribas, qui conteste le verdict, a annoncé son intention de faire appel. Dans un communiqué, le groupe a qualifié la décision de « clairement erronée » et a rappelé que ses activités étaient conformes aux réglementations européennes de l’époque.

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Ce jugement relance toutefois le débat sur la responsabilité des institutions financières dans les violations des droits humains. Les avocats des plaignants saluent une victoire « historique » et estiment que ce verdict ouvre la voie à d’autres recours collectifs . En effet, plus de 20 000 réfugiés soudanais installés aux États-Unis pourraient engager des actions similaires.

Cette condamnation intervient dix ans après la lourde amende de 8,9 milliards de dollars infligée à BNP Paribas par la justice américaine en 2014 pour violation d’embargos, notamment au Soudan. À l’annonce du verdict, l’action de la banque a chuté de près de 10 % à la Bourse de Paris.

Au-delà de son coût financier immédiat, cette affaire risque d’écorner durablement l’image du premier groupe bancaire français, désormais accusé d’avoir soutenu, même indirectement, l’un des régimes les plus brutaux du continent africain.

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