Au Niger, le patriotisme s’apprend désormais dès les bancs de l’école. Sous l’impulsion du général Abdourahamane Tiani, chef du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP), une nouvelle campagne baptisée « 100 francs pour la patrie, un geste pour l’avenir » a été lancée à la rentrée scolaire. Objectif est d’inviter les élèves à contribuer financièrement au Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie, destiné à soutenir les efforts de sécurité nationale.
Inscrit à la craie sur les tableaux noirs, le slogan a surpris plus d’un enseignant. Dans un pays où la scolarisation reste un défi (et où de nombreux enfants manquent encore d’accès à l’éducation), l’idée de solliciter une contribution financière des élèves mineurs a provoqué un débat. Face aux critiques, le gouvernement a tenu à préciser que l’initiative est « volontaire ».
LIRE AUSSI : Sénégal : 16 personnes arrêtées lors d’une partouze à Dakar
Mais sur le terrain, la frontière entre engagement et obligation paraît floue. La publication des noms des contributeurs alimente le risque de stigmatisation des familles incapables de participer, parfois perçues comme « non patriotes ».
Lancée initialement dans les écoles, l’opération s’est étendue à l’ensemble de la population. Des cérémonies régionales de mobilisation se multiplient depuis la mi-octobre. Le gouverneur de Dosso a expliqué que si chaque Nigérien versait 100 francs CFA par mois, le pays récolterait 2,7 milliards de francs CFA, un montant présenté comme un levier pour « financer plusieurs actions d’intérêt national ».
Le Fonds de solidarité, créé après le coup d’État de juillet 2023, revendique déjà plus de 32 milliards de francs CFA collectés. Reste à savoir comment ces fonds seront utilisés et si la mobilisation citoyenne, désormais nationale, ne se transformera pas en pression sociale déguisée.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
