Un nouveau séisme secoue le parti Les Démocrates. Plusieurs de ses cadres ont annoncé ce vendredi leur démission collective, dans une déclaration publique à Cotonou. Motif invoqué : une « dérive autoritaire » et des « pratiques internes regrettables » qui auraient vidé le parti de sa substance démocratique. Dans un texte au ton grave, les signataires accusent ouvertement le président du parti, l’ancien chef de l’État Boni Yayi, d’avoir laissé s’installer une gouvernance fondée sur la méfiance et la division.
Une rupture consommée
« Après mûre réflexion, nous avons pris la décision de démissionner du Parti Les Démocrates ce jour 31 octobre 2025 », affirment les démissionnaires d’entrée de jeu. Pour eux, cette décision n’est pas un simple acte d’humeur, mais la conséquence d’un long processus d’usure interne. Ils dénoncent un « effritement de la confiance » et une « érosion du fonctionnement démocratique » au sein du parti, devenu selon leurs termes « incapable d’assurer la promotion de l’idéal de démocratie et de justice sociale » qui avait motivé sa création.
Des griefs directement adressés à Boni Yayi
Si le ton se veut respectueux envers l’ancien président de la République, la critique est sans équivoque. Les démissionnaires reprochent à Boni Yayi d’avoir « laissé pourrir des situations nuisibles à la bonne santé du parti » et d’avoir toléré un climat de suspicion permanent.
Selon la déclaration, la ligne directrice du parti aurait glissé vers « une paranoïa destructrice » et un « esprit de revanche » visant tous ceux perçus comme proches, à tort ou à raison, du président Patrice Talon. Cette fracture idéologique et personnelle aurait conduit à la formation de « camps inconciliables » un phénomène qui, selon eux, mine désormais toute cohésion interne.
LIRE AUSSI : Bénin : l’intégralité de la déclaration des députés démissionnaires du parti Les Démocrates
Un parti à la dérive ?
Ces accusations interviennent dans un contexte déjà tendu. Depuis plusieurs mois, des divergences stratégiques et des tensions de leadership agitent Les Démocrates, considéré comme la principale force d’opposition au régime de Patrice Talon.
Le parti, né dans la foulée des réformes électorales de 2019 et porté par l’aura de Boni Yayi, se voulait à l’origine le bastion de la reconquête démocratique. Mais cinq ans après sa création, de nombreux observateurs évoquent une organisation traversée par les luttes d’influence, la défiance et une gestion centralisée des décisions.
Vers une recomposition de l’opposition ?
Les démissionnaires affirment vouloir poursuivre « la défense de l’idéal démocratique » en dehors du cadre actuel du parti. Ils laissent entendre leur volonté de « collaborer avec toutes les bonnes volontés » et de « contribuer à corriger la gouvernance du pays » à l’approche des prochaines élections générales. Cette sortie laisse entrevoir la possibilité d’une recomposition plus large de l’opposition béninoise, à la recherche d’un nouveau souffle face à un pouvoir solidement installé.
Un signal d’alarme pour Boni Yayi
Pour Boni Yayi et sa direction, cette vague de démissions constitue un sérieux avertissement. L’ancien président, qui reste une figure charismatique du paysage politique béninois, voit ainsi une partie de ses troupes remettre en cause sa méthode et sa stratégie.
Reste à savoir si cette fracture débouchera sur une recomposition durable ou sur une nouvelle dispersion des forces de l’opposition.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
