dimanche 16 novembre 2025

Mali : la stratégie du Jnim pour faire plier Bamako

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Au Mali, le Jnim adopte une stratégie de pression économique plutôt qu’un assaut militaire frontal contre Bamako. La semaine dernière, le groupe a libéré deux otages émiriens et un Iranien contre une rançon de 50 à 70 millions de dollars et la remise de matériel militaire, signe de sa capacité à mobiliser des ressources importantes pour renforcer ses opérations.

Les trois hommes avaient été enlevés le 23 septembre, à proximité de Bamako, dans un aérodrome privé de Sanankoroba. Les négociations, menées par les services de renseignement maliens via des intermédiaires, ont abouti le 29 octobre à leur libération. Selon des sources recoupées par RFI et France 24, la transaction a inclus plusieurs tonnes de véhicules et d’armement, ainsi qu’un échange de prisonniers.

Pour Bakary Sambe, directeur du Timbuktu Institute à Dakar, cette rançon constitue une injection massive de liquidités pour le Jnim. « Ces fonds peuvent être convertis en armes lourdes, drones, explosifs, systèmes de communication cryptés… et renforcent directement la logistique du groupe », explique-t-il. À cela s’ajoute la livraison de véhicules tout-terrain et d’armes légères, facilitant recrutement, mobilité et propagande.

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Depuis début septembre, le Jnim exerce un blocus sur les importations de carburant, entraînant la fermeture de nombreuses activités, la raréfaction des produits et la fermeture des écoles. Les attaques sur les routes restent quasi quotidiennes, avec plusieurs ambassades appelant leurs ressortissants à quitter le Mali. Les axes stratégiques tels que Kayes-Bamako ou Bamako-Ségou sont particulièrement affectés.

Selon le Timbuktu Institute, le Jnim ne cherche pas à prendre Bamako par les armes. L’objectif est plutôt un effondrement interne du régime d’Assimi Goïta : chute des recettes d’exportation, fuite des investissements, mécontentement populaire et déstabilisation politique. « C’est une guerre d’usure économique et politique », souligne Bakary Sambe.

Depuis juillet, plusieurs sites industriels et miniers ont été ciblés (la cimenterie Diamond Cement Factory, des mines d’or à Kayes et la mine de lithium de Bougouni). Des centaines de camions-citernes ont été détruits, accentuant la pénurie de carburant jusqu’à Bamako.

Face à cette menace, l’armée malienne annonce avoir frappé une base terroriste à Sirakoro, région de Bougouni, neutralisant une dizaine de jihadistes et détruit du matériel qui serve à planifier les attaques contre les convois de carburant. Selon l’état-major, cette opération pourrait avoir des répercussions importantes sur l’approvisionnement en hydrocarbures.

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