vendredi 21 novembre 2025

Afrique de l’Ouest : la demande de la CEDEAO au Mali, au Niger et au Burkina Faso 

Face à la propagation du terrorisme en Afrique de l’Ouest, la Commission de la CEDEAO a lancé une alerte forte devant le Conseil de sécurité des Nations unies. Le président de l’institution, Omar Alieu Touray, a souligné le 18 novembre 2025 que la région fait face à une « menace existentielle » pour la région, où le Sahel central concentre près de 80 % des attaques et plus de 85 % des victimes, sans pour autant épargner les autres zones.

Selon Touray, les groupes jihadistes (notamment le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (Jnim) étendent leurs opérations au-delà du Sahel et du bassin du lac Tchad, causant en 2025 plus de 1 900 morts lors de 450 attaques. Il a également alerté sur l’apparition d’une « guerre économique », avec des blocus qui paralysent partiellement les économies locales, comme au sud du Mali.

Le président de la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de la CEDEAO, Julius Maada Bio, a mis en garde : « Si nous n’agissons pas avec détermination, le Sahel pourrait devenir un sanctuaire permanent pour les enclaves extrémistes, à quelques heures seulement des grandes métropoles mondiales ».

Une menace régionalisée

La propagation du jihadisme touche désormais le Niger, le Burkina Faso et le Mali, l’épicentre régional des groupes terroristes. Mais la violence gagne aussi les pays du Golfe de Guinée, dont le Bénin, le Togo et la Côte d’Ivoire, cette dernière reste particulièrement exposée après l’attaque de Grand-Bassam en 2016. Les incursions récentes du Jnim au Mali ont des répercussions sur les zones frontalières ivoiriennes et sénégalaises.

Cette évolution a été reconnue publiquement pour la première fois par la CEDEAO. Pour l’organisation régionale, la menace terroriste s’est régionalisée et elle exige une coordination accrue entre les États ouest-africains.

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Déploiement d’une force régionale

Pour y répondre, la CEDEAO accélère le déploiement de sa force en attente, initialement composée de 1 650 hommes, qui pourrait atteindre 5 000 soldats dès 2026 et, progressivement, 260 000 sur le long terme. Un financement de 2,5 milliards de dollars a été prévu pour soutenir cette mission de lutte contre le terrorisme et les crimes transfrontaliers.

Des démarches bilatérales sont également engagées avec les pays de l’Alliance des États du Sahel (AES), récemment sortis de la CEDEAO, pour renforcer la coopération militaire et le partage de renseignements. Le Sénégal et le Nigeria ont déjà signé des accords avec le Mali dans ce cadre.

Un contexte politique fragile

Cette mobilisation intervient dans un contexte géopolitique complexe : la région connaît une recomposition avec des États civils de la CEDÉAO et des pays militaires de l’AES. Les tensions entre ces deux blocs, exacerbées par des divergences géopolitiques et des accusations de déstabilisation, compliquent la coordination. Les jihadistes exploitent ces divisions pour étendre leur influence.

Omar Alieu Touray a donc appelé le Conseil de sécurité à « aider à rétablir la confiance, garantir un financement prévisible et renforcer la coordination des actions régionales ».

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