L’opposant ivoirien Charles Blé Goudé a brisé son silence avec un récit détaillé de ses années de détention et de ses échanges avec l’ancien président Laurent Gbagbo. Selon lui, une mission a lui confiée en prison a ouvert la voie à des tensions profondes au sein de la gauche ivoirienne.
Il a décrit un chef affaibli dans sa cellule. « J’ai vu mon mentor très malheureux », affirme-t-il. Gbagbo lui parle alors d’un problème qui l’inquiète : la maison utilisée comme siège du FPI appartiendrait à Nady Bamba. « Petit, laisse ça. Elle est en colère. Tu peux m’aider ? », lui lance l’ex-chef d’État. Une mission est alors confiée à Blé Goudé.
Dès l’ouverture des cellules le lendemain, il se rend au téléphone des gardes pour joindre Angeline Kili, épouse du président Affi N’Guessan. Après quelques échanges, il obtient la ligne du président du FPI. Il lui expose la situation. « Le Président Gbagbo souffre d’un problème. La maison du parti porte le nom de Nady Bamba. Pouvez-vous la rétrocéder ? », a-t-il expliqué.
« Ce n’est pas possible. Nos directeurs généraux ont cotisé pour payer cette maison. Comment peut-elle lui appartenir ? », lui répond Affi. Blé Goudé insiste : « Faites-le pour Laurent Gbagbo. Pour sa santé en prison ». Affi accepte finalement, mais formule une demande : que Gbagbo désigne une personne de confiance afin de régler l’affaire devant un huissier.
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Blé Goudé retourne voir Gbagbo, persuadé d’avoir accompli sa mission. Le nom fourni par Nady Bamba tombe : Ousmane Sy Savané, avec un contact téléphonique. Le message est transmis à AFFI.
Le samedi suivant, lors d’une visite, Nady Bamba arrive souriante et affirme : « Merci Blé. La maison m’a été rétrocédée. Si je la vends, tu auras ta part ». Il décline : « Je ne suis pas agent immobilier. Mais j’ai un conseil : évitez d’introduire des problèmes extérieurs en prison. Le Président souffre… Peut-être que c’est là ma faute… », glisse-t-il aujourd’hui.
Il affirme ensuite être devenu un adversaire aux yeux d’un groupe déterminé à éloigner certains proches de Gbagbo. Il cite Stéphane Kipré et des anciens cadres de l’UNG, accusés d’entretenir un courant qui divise la gauche.
Selon lui, la situation actuelle en témoigne. Lisa Kouassi, Damana Pickass ou encore Koné Boubacar se trouvent derrière les barreaux, tandis que le « conglomérat de l’UNG » reste libre. « La gauche ivoirienne subit un complot d’infiltration. Certains ont mis en place un plan d’expropriation et un plan d’appropriation. Voilà la réalité », a-t-il conclu.
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