lundi 1 décembre 2025

Bénin : revisiter le Dahomey colonial entre archives et créations contemporaines

Présentée au Musée départemental Albert-Kahn, l’exposition Bénin aller-retour propose une relecture originale du Dahomey colonial des années 1930. L’événement confronte des archives photographiques et filmées à des œuvres contemporaines d’artistes béninois et internationaux, afin de déconstruire les clichés coloniaux et de créer un dialogue sensible entre passé et présent.

L’exposition adopte une démarche exigeante. Elle interroge les images coloniales sans les effacer et les contextualise sans les sacraliser. Au cœur du parcours figurent les Archives de la Planète, vaste projet lancé en 1912 par Albert Kahn et inscrit aujourd’hui au registre Mémoire du monde de l’UNESCO. Ce projet avait pour ambition de constituer un inventaire visuel du monde au début du XXe siècle, convaincu que voir équivaut déjà à comprendre.

Une mission exceptionnelle au Dahomey

En 1930, une mission unique se rend au Dahomey, actuelle République du Bénin. Le père Francis Aupiais, missionnaire de la Société des missions africaines de Lyon, conduit l’expédition avec l’opérateur Frédéric Gadmer. Pendant quatre mois et demi, ils documentent la société dahoméenne, ses structures de pouvoir, ses pratiques religieuses et son quotidien. De cette immersion naît un corpus remarquable, plus de mille autochromes en couleur et 140 bobines de films, qui représentent l’un des premiers jalons de l’ethnographie filmée française.

L’exposition articulée son parcours autour de trois thèmes majeurs : colonisation et évangélisation, pouvoir et royauté, vodun. Les images, loin de reproduire le regard condescendant fréquent à l’époque coloniale, témoignent d’une fascination respectueuse pour la spiritualité vodun, le culte des ancêtres et les arts divinatoires. Ce regard, déjà nuancé en 1930, devient aujourd’hui un outil d’analyse critique.

Un dialogue entre archives et créations contemporaines

Bénin aller-retour dépasse la simple exposition d’archives. Les œuvres contemporaines d’artistes tels que Ishola Akpo, Sènami Donoumass ou Roméo Mivekannin prolongent et questionnent les images du passé. Installations, photographies et créations plastiques dialoguent avec les archives, les enrichissent ou les contredisent.

Entre objets rituels, films anciens et créations actuelles, l’exposition réflète une idée centrale : les images coloniales ne sont ni neutres ni immuables. Revisitées depuis le présent, elles deviennent des outils de réflexion et permettent aux sociétés concernées de se réapproprier leur histoire et de réécrire leur récit.

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