mardi 2 décembre 2025

Niger : l’uranium nationalisé disponible sur le marché international

Le Niger prend officiellement le contrôle sur la gestion de son uranium sur le marché international. La junte militaire dirigée par le général Abdourahamane Tiani a annoncé la mise sur le marché international du minerai extrait par la SOMAÏR, jusqu’alors fleuron du groupe français Orano et nationalisée en juin dernier.

« Le Niger a le droit légitime de disposer de ses richesses naturelles et de les vendre à qui veut bien les acheter », a martelé le chef de la junte à la télévision publique. Ce message met fin au modèle de cogestion entre l’État nigérien et Orano, en vigueur depuis les années 1970.

La SOMAÏR, produit près de 1 300 tonnes de concentré d’uranium par an, soit environ 4,7 % de la production mondiale, et jusqu’en 2022, un quart de l’approvisionnement des centrales nucléaires européennes. Avec la nationalisation, Orano perd non seulement le contrôle opérationnel, mais aussi l’accès privilégié au gisement, après avoir déjà été écarté du site stratégique d’Imouraren.

Le bras de fer juridique et diplomatique s’intensifie. Orano, détenu à plus de 90 % par l’État français, a obtenu en septembre une injonction interdisant au Niger de commercialiser l’uranium stocké à la SOMAÏR, valorisé à 250 millions d’euros. Malgré cela, un convoi transportant 1 000 tonnes d’uranium aurait quitté Arlit pour le port de Lomé via le Burkina Faso, selon plusieurs sources.

Ce repositionnement s’accompagne d’un virage géopolitique avec un affaiblissement des liens avec Paris, un renforcement des relations avec Moscou et une ouverture vers Téhéran. En juillet, la Russie a manifesté son intérêt pour l’exploitation des mines nigériennes, tandis que l’Iran suit de près cette situation stratégique pour son programme nucléaire.

Au-delà de l’économie, l’entrée de l’uranium nigérien sur le marché mondial reflète un changement profond des rapports de force au Sahel, avec une souveraineté affirmée, l’établissement de nouveaux partenariats stratégiques et une montée en puissance de la Russie. Cette reconquête comporte toutefois des risques liés à l’isolement diplomatique, aux incertitudes juridiques et à la gouvernance d’un secteur hautement sensible.

Le Niger se place désormais à la croisée des chemins entre souveraineté nationale et enjeux géoéconomiques mondiaux, avec l’uranium comme levier central de sa stratégie.

LIRE AUSSI : Guinée : Siguiri paralysée par les manifestations, plusieurs écoles restent fermées

Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici. 

Partager :

Plus d'actualités

Articles Populaires