mercredi 3 décembre 2025

GRAND FORMAT/Bénin : la décennie qui a tout changé

À l’aube de 2026, l’économie béninoise s’impose comme un modèle africain. Au cœur de cette transformation, un nom revient sans cesse : Romuald Wadagni.

Parcours. Réformes. Innovations. Décisions parfois audacieuses. En moins de dix ans, le Bénin est devenu l’un des laboratoires africains les plus observés en matière de gouvernance financière et de politique économique.

Longtemps perçu comme un petit pays discret coincé entre des géants régionaux, le Bénin bouscule aujourd’hui les classements, surprend les investisseurs et attire l’attention des institutions internationales.

À quelques mois de la présidentielle de 2026, cette métamorphose devient un enjeu électoral majeur. Non pas parce que l’économie dicterait la politique, mais parce qu’elle en redéfinit désormais les ambitions, les lignes de fracture… et les figures.

Le basculement : du pays pauvre à l’économie émergente

 

En 2020, sur la base des données de 2019, la Banque mondiale reclassifie le Bénin : de pays à faible revenu, il devient pays à revenu intermédiaire inférieur.

L’événement passe presque inaperçu pour le grand public, mais dans les milieux financiers africains, il fait l’effet d’un signal : quelque chose est en train de se produire à Porto-Novo, Cotonou et au-delà.

L’événement passe presque inaperçu pour le grand public, mais dans les milieux financiers africains, il fait l’effet d’un signal : quelque chose est en train de se produire à Porto-Novo, Cotonou et au-delà.

Derrière ce mouvement, une décennie de réformes :

  • création d’un cadre budgétaire discipliné ;
  • renaissance de l’administration fiscale ;
  • investissements massifs dans les infrastructures ;
  • lutte contre l’économie informelle ;
  • montée en gamme des secteurs historiques (coton, soja, cajou) ;
  • lancement d’une stratégie industrielle ambitieuse (GDIZ).

Le Bénin sort alors de la catégorie des pays vulnérables pour se hisser dans celle des économies africaines prometteuses.

C’est la première pièce du puzzle.

La révolution silencieuse : conquête des marchés internationaux

Cette décennie béninoise a une particularité : elle ne s’est pas faite dans le bruit des grands discours, mais dans celui  plus discret  des salles de marchés, des agences de notation et des institutions financières.

L’histoire commence en 2018 : première notation souveraine.

Sans notation, aucun État ne peut prétendre accéder aux marchés internationaux. Avec elle, le Bénin franchit un seuil politique et économique décisif.

2019 : l’irruption sur la scène mondiale

Le pays devient le premier État africain à lever des fonds en euros (500 M€). Un pari audacieux, réussi. Les investisseurs saluent la discipline budgétaire et la cohérence des réformes.

2021–2025 : la période des records et des innovations

Le Bénin se distingue par des opérations financières qui étonnent la planète finance :

2021 :

  • première obligation ODD d’Afrique ;
  • première obligation à 30 ans du continent ;
  • deux Eurobonds pour 1,5 Md€.

Les analystes parlent d’un “moment béninois” sur les marchés.

2023 :

  • montage inédit de 350 M€ avec garantie FAD/BAD + assurance ATI.

Une première africaine saluée par The Banker.

2024 :

  • entrée sur le marché dollar (750 M$) ;
  • crédit structuré de 500 M€ garanti par l’IDA (une première mondiale).

2025 :

  • émission en dollars sur 16 ans : maturité longue, confiance intacte.

Plus de 3 milliards d’euros levés en moins d’une décennie.

Une performance exceptionnelle dans une région souvent en difficulté sur les marchés, et frappée par des crises successives.

Dans les couloirs des institutions internationales, l’expression revient : “Le modèle béninois”.

Une position singulière : le choix du courage dans le débat mondial sur la dette

En 2020–2021, l’Afrique réclame majoritairement une annulation de la dette publique. Un ministre africain s’y oppose publiquement : Romuald Wadagni. Son argument : « L’Afrique doit accéder aux financements, pas fuir ses engagements ».

Cette position tranche. Elle surprend. Elle lui vaut aussi un respect durable du FMI, de la Banque mondiale, de la BAD et de plusieurs agences de notation. À long terme, elle renforce la crédibilité du Bénin. Dans les marchés, la cohérence paie toujours.

Les performances : une économie qui change d’échelle

Les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Croissance

  • 7,5 % en 2024, la plus forte depuis trois décennies.
  • Meilleure performance de l’UEMOA à plusieurs reprises.

Notation souveraine

  • S&P :passage de B+ à BB-, puis perspective relevée à “positive” en 2024.
  • Moody’s, Fitch, Wara :stabilité et confiance maintenues.

Transparence et gouvernance

  • 1ᵉʳ dans l’espace francophone
  • 2ᵉ en Afrique(IBP 2024)
  • 1ᵉʳ en Afrique et 8ᵉ au mondesur la transparence des dépenses fiscales (2023).

Récompenses internationales

  • The Banker : Meilleur ministre des Finances d’Afrique 2025
  • Financial Afrik : Meilleur ministre des Finances(2018, 2020, 2021, 2024)
  • African Banker Awards : Lauréat 2019
  • Jeune Afrique : figure phare des 100 Africains les plus influents

Classements internationaux

  • Top 10 mondial des opérations financières (The Banker, 2022)
  • Top 5 des économies africaines les plus dynamiques (FMI, 2019)
  • 1ère place en transparence de la dette (Banque mondiale, 2021–2022)

En résumé, le Bénin coche toutes les cases de la crédibilité économique mondiale.

2026 : l’économie au centre du débat politique

Pour la première fois depuis des décennies, l’élection présidentielle béninoise sera dominée par des enjeux macroéconomiques. Car la question est simple : le Bénin doit-il prolonger ce modèle ou en changer ? Politiquement, la figure de Romuald Wadagni cristallise ce débat.

Pour les partisans du “continuum économique”

 Wadagni incarne :

  • la stabilité budgétaire,
  • la discipline financière,
  • la crédibilité internationale,
  • l’ambition industrielle,
  • l’État stratège.

Ils voient en lui l’architecte d’une décennie de transformation, le garant de la confiance des investisseurs et un acteur capable de porter le pays dans une nouvelle phase : celle du partage de la prospérité.

Pour ses opposants, le bilan soulève des questions :

  • la croissance bénéficie-t-elle suffisamment aux populations ?
  • la dette reste-t-elle soutenable sur le long terme ?
  • l’ouverture aux marchés rend-elle le pays vulnérable aux chocs externes ?

Mais tous reconnaissent une chose : l’économie béninoise n’a jamais été aussi structurante dans un débat politique national.

Et maintenant ? Le défi de la prospérité partagée

Si le Bénin veut transformer l’essai, il lui faudra :

  • traduire la croissance en emplois massifs,
  • améliorer le pouvoir d’achat,
  • poursuivre l’industrialisation (GDIZ et nouvelles zones),
  • renforcer les infrastructures sociales (santé, éducation),
  • consolider la sécurité aux frontières nord,
  • maintenir l’équilibre entre ambition et prudence budgétaire.

Le pays a désormais les outils pour entrer dans la catégorie des économies émergentes africaines. Reste à savoir qui en écrira le prochain chapitre.

Le Bénin, une nouvelle signature africaine

La décennie économique béninoise n’est pas un simple cycle favorable.

C’est un repositionnement profond, construit, assumé.

Le pays a :

  • changé de catégorie économique,
  • transformé sa relation aux marchés mondiaux,
  • obtenu des distinctions internationales majeures,
  • renforcé sa gouvernance,
  • fait émerger une nouvelle génération de décideurs.

À l’approche de 2026, le débat n’oppose pas seulement des candidats : il met face-à-face deux visions du futur du Bénin, dans un pays qui a gagné en confiance et en ambition. Quoi qu’il arrive dans les urnes, une chose est certaine : le Bénin ne joue plus dans la même cour. 

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