Installé en Algérie depuis plusieurs mois, l’imam Mahmoud Dicko sort de sa réserve et adresse un message ferme aux autorités de transition maliennes dirigées par le général Assimi Goïta.
Ancien président du Haut Conseil islamique du Mali, l’imam Dicko prend désormais la tête de la Coalition des forces pour la République (CFR). À travers cette structure, il entend retrouver une place centrale dans le paysage politique malien. Cette fois, ses intentions ne se dissimulent plus. Les ambitions présidentielles de l’imam se revendiquent ouvertement.
Le groupe dirigé par l’opposant exilé affiche aussi sa volonté d’ouvrir le dialogue avec les groupes armés responsables de violences dans le nord du Mali. Une orientation lourde de conséquences, susceptible d’aggraver les tensions entre Bamako et Alger.
L’imam Dicko bénéficie en effet d’une protection indirecte des autorités algériennes. En 2023, sa réception officielle par le président Abdelmadjid Tebboune avait déjà suscité de vives réactions à Bamako, qui y voyait un signe clair de soutien politique.
L’annonce de la création de la CFR depuis le sol algérien renforce davantage les soupçons maliens. Cette décision nourrit l’idée d’une manœuvre stratégique d’Alger, désireuse de conserver une influence sur la scène malienne après son éviction progressive à la suite de l’abandon des Accords de paix d’Alger signés en 2015. Ces accords, dénoncés par Bamako en 2024, constituaient pourtant un pilier de la diplomatie régionale algérienne.
La rupture entre les deux États se consolide depuis mars dernier, date à laquelle l’armée algérienne a détruit un drone malien en territoire malien. Aucun geste d’apaisement n’a suivi cet incident, considéré à Bamako comme une violation grave de souveraineté. Cet épisode a précipité des échanges acrimonieux devant les instances onusiennes.
Les relations, déjà fragiles, ont alors basculé dans une confrontation ouverte. Le Mali accuse désormais l’Algérie d’agir comme un « parrain du terrorisme ». Pour Bamako, des chefs de groupes armés trouveraient refuge dans le sud algérien afin de continuer à coordonner leurs opérations contre le territoire malien.
