La stabilité politique en Guinée-Bissau et au Bénin constitue l’une des priorités du sommet des chefs d’État de la Cédéao, prévu le 14 décembre 2025 à Abuja. En amont de cette rencontre, le Conseil des ministres se réunit ce vendredi pour préparer les discussions. La veille, le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Maitama Tuggar, a justifié l’intervention de son pays après la tentative de putsch du 7 décembre à Cotonou, avec lequel le Nigeria partage une frontière de plus de 700 km. Il s’agit de la première réaction officielle depuis l’apaisement progressif de la situation béninoise.
Le dimanche 7 décembre, alors que la tentative de coup d’État se déroulait à Cotonou, des avions de chasse nigérians ont frappé à plusieurs reprises les positions des mutins retranchés dans le camp militaire de Togbin. L’opération, ordonnée par le président Bola Tinubu pour « sauvegarder l’ordre constitutionnel », visait à repousser les insurgés de la télévision nationale et du camp où ils s’étaient regroupés. Selon la présidence nigériane, un contingent terrestre a également franchi la frontière et opère désormais au Bénin. Le gouvernement béninois estime que cette intervention a joué un rôle décisif dans la défaite des mutins et la reprise du contrôle de la base.
D’abord révélée par des sources sécuritaires, l’implication d’Abuja apparaît ensuite dans un communiqué officiel de la présidence. Selon les autorités nigérianes, le Nigeria a répondu à deux demandes formelles du ministère béninois des Affaires étrangères. Les deux notes verbales adressées à Abuja réclamaient un « soutien aérien immédiat », puis un appui terrestre.
Pour le ministre nigérian des Affaires étrangères, Yusuf Maitama Tuggar, le sang-froid de son homologue béninois a constitué un élément clé dans l’échec du putsch. « Grâce à la rapidité et à l’habileté du ministre Olushegun Adjadi Bakari », déclare-t-il, « nous avons échangé, et les deux présidents se sont impliqués aussi rapidement que possible. Nous, diplomates, sommes autorisés à communiquer et à faire de la diplomatie ».
Face aux critiques visant l’intervention du Nigeria dans une crise interne béninoise, Yusuf Tuggar adopte une ligne ferme. « Nous ne nous rendrions aucun service si la République du Bénin faisait face à un problème majeur et que nous refusions d’apporter une réponse décisive », a-t-il ajouté.
Comme le président Bola Tinubu, le ministre réaffirme son rejet absolu des régimes militaires. Il rappelle que son enfance s’est déroulée sous une dictature et estime que certaines populations d’Afrique de l’Ouest continuent d’idéaliser les juntes. Il annonce qu’il portera une position sans ambiguïté en faveur de la démocratie lors de la session du Conseil des ministres de la Cedeao prévue vendredi.
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