Des chercheurs ont découvert qu’un canal ionique spécifique régule la motilité des spermatozoïdes. Cette avancée ouvre de nouvelles perspectives pour la fertilité masculine et la contraception. En effet, jusqu’ici, la compréhension de la fécondation masculine se fondait sur des facteurs chimiques comme le pH ou la progestérone.
Or, une récente étude indique que la température fonctionne comme signal en activant le canal CatSper, ce qui déclenche un mouvement intense des spermatozoïdes et modifie leur capacité à féconder l’ovule.
Les testicules se situent à l’extérieur du corps humain car les spermatozoïdes ont besoin d’une température inférieure à 34 °C pour se développer et fonctionner correctement.
Cette disposition protège la production de gamètes, mais elle pose une question. Comment ces cellules survivent et atteignent un ovule dans l’environnement plus chaud de l’appareil reproducteur féminin ? À ce propos, une étude publiée dans Nature Communications révèle que les spermatozoïdes possèdent un véritable interrupteur thermique.
Ce mécanisme repose sur le canal ionique CatSper, présent uniquement chez les spermatozoïdes des mammifères. Il régule leur capacité à féconder un ovule en déclenchant un état de motilité intense, dit « hyperactif ». Selon Polina Lishko, professeur de biologie cellulaire à WashU Medicine, la température agit comme signal déclencheur.
Lorsqu’ils pénètrent dans l’appareil reproducteur féminin, les spermatozoïdes rencontrent environ 38 °C, ce qui provoque l’ouverture de CatSper et un afflux d’ions calcium dans la cellule.
Cette activation modifie radicalement le comportement des spermatozoïdes. Ils passent d’une nage régulière à un mouvement rapide et vigoureux, comparable à un coup de fouet. Ce mode de propulsion est essentiel pour franchir les barrières protectrices de l’ovule et assurer la fécondation.
Jusqu’à présent, les chercheurs pensaient que d’autres facteurs comme le pH ou la progestérone jouaient un rôle central, mais cette étude démontre que la température constitue un signal décisif pour déclencher l’hyperactivité.
Selon l’Inserm, un couple sur huit en France consulte pour des problèmes de fertilité. La découverte de l’importance de CatSper ouvre de nouvelles perspectives médicales. Chez les hommes qui souffrent de troubles de fertilité, cibler ce canal pourrait améliorer l’efficacité de la motilité des spermatozoïdes et augmenter les chances de fécondation.
Inversement, cette avancée offre une piste innovante pour la contraception masculine. Activer CatSper trop tôt, avant que les spermatozoïdes atteignent l’ovule, pourrait épuiser leur énergie et bloquer la fécondation. Contrairement aux méthodes hormonales actuelles, cette approche viserait uniquement les spermatozoïdes, sans modifier le fonctionnement hormonal ni les performances sexuelles.
Cette stratégie suscite un intérêt chez les chercheurs, car elle répond à la demande de solutions contraceptives masculines réversibles, efficaces et non invasives. Reste à transformer cette découverte biologique en application pratique, mais la piste est désormais ouverte pour la fertilité et la contraception.
