Le président nigérian Bola Tinubu a pris une décision majeure dans le secteur énergétique. L’homme a transmis ce mercredi 17 décembre au Sénat, les noms de deux responsables appelés à diriger les agences de régulation pétrolière. Cette décision survient après le départ précipité de Gbenga Komolafe et Farouk Ahmed, respectivement à la tête de la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission et de la Nigerian Midstream and Downstream Petroleum Regulatory Authority.
Pour information, le lundi 16 décembre, Aliko Dangote, l’homme d’affaires le plus riche d’Afrique, a déposé une plainte officielle contre Farouk Ahmed auprès de la Commission Indépendante des Pratiques Corruptives. Le milliardaire accuse le régulateur d’avoir favorisé l’entrée massive de carburants importés à prix cassés, ce qui menace la production nationale. Sa raffinerie de Lagos, capable de traiter 650 000 barils par jour, est directement concernée.
Dans sa pétition, Dangote mentionne des dépenses personnelles importantes, notamment plus de sept millions de dollars versés à l’avance pour les frais de scolarité de ses quatre enfants dans des établissements suisses sur six ans. Selon lui, ces montants dépassent largement les revenus légitimes d’un fonctionnaire nigérian. L’agence anticorruption a confirmé la réception du dossier et annonce l’ouverture d’une enquête.
Gbenga Komolafe, de son côté, s’était opposé à Dangote sur l’application d’une réglementation qui oblige les producteurs à approvisionner prioritairement les raffineries locales avant toute exportation. Le différend concerne à la fois des questions juridiques et des intérêts économiques divergents.
Pour les remplacer, Bola Tinubu propose Oritsemeyiwa Amanorisewo Eyesan, diplômée en économie et forte de trente-trois ans d’expérience au sein de la Nigerian National Petroleum Company, et Saidu Aliyu Mohammed, ingénieur chimiste ayant dirigé la raffinerie de Kadouna et la Nigerian Gas Company. Leur solide expérience dans les institutions pétrolières devrait faciliter la transition et rassurer les investisseurs, selon des analystes.
Cette affaire dépasse les simples nominations. Elle révèle les tensions structurelles du secteur énergétique nigérian. Malgré son statut de premier producteur de pétrole d’Afrique, le pays continue d’importer l’essentiel de ses carburants raffinés. La raffinerie Dangote, mise en service en janvier, devait inverser cette logique mais rencontre des obstacles administratifs. L’approvisionnement en brut local reste insuffisant et les chiffres de production et de demande suscitent des interprétations contradictoires, ce qui alimente les frictions entre le milliardaire et les autorités de régulation.
Suivez-nous sur Nasuba Infos via notre canal WhatsApp. Cliquez ici.
