Le Bénin franchit une étape majeure dans la modernisation de ses infrastructures de transport urbain. La Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) a signé un accord de prêt historique de 200 millions de dollars américains destiné à financer l’amélioration du système de transport public dans le pays. Cofinancé par l’Association internationale de développement (IDA) du Groupe de la Banque mondiale et soutenu par des investissements additionnels de partenaires privés, le projet mobilise un investissement global de 500 millions de dollars. Il s’agit de la toute première opération de l’AIIB au Bénin, et d’un signal fort en faveur d’une mobilité urbaine durable et inclusive en Afrique de l’Ouest.
Ce vaste programme vise à transformer en profondeur la mobilité urbaine dans la région du Grand Nokoué, principal pôle urbain du pays. Les interventions concerneront cinq communes stratégiques et porteront sur l’amélioration de la fluidité des déplacements, de la sécurité routière et de l’accès à des services de transport modernes, accessibles et respectueux de l’environnement. À travers cette initiative, les autorités entendent renforcer l’inclusion sociale, la durabilité environnementale et la productivité économique, en parfaite cohérence avec la mission « Infrastructure for Tomorrow » (i4t) portée par l’AIIB.
Pour la Banque, ce projet s’inscrit pleinement dans ses priorités thématiques. « Il reflète notre engagement fort en faveur des infrastructures vertes et de la connectivité, tout en contribuant à atténuer les effets du changement climatique et à libérer le potentiel économique de la région », a déclaré Kim-See Lim, Chief Investment Officer de l’AIIB pour le secteur public. Selon elle, le financement permettra également de lever des obstacles majeurs en matière d’accessibilité, de soutenir le développement de transports multimodaux durables et de renforcer les capacités institutionnelles, notamment dans les domaines de la gouvernance, de la planification, du financement et de la sécurité.
Au-delà des infrastructures, le projet adopte une approche systémique. Il prévoit l’amélioration de la gouvernance du secteur des transports dans le Grand Nokoué, le soutien à des programmes d’e-mobilité, ainsi que la professionnalisation des opérateurs de transport artisanal. Le renforcement des dispositifs de sécurité routière et fluviale, la formation des acteurs et une gestion rigoureuse du projet figurent également parmi les composantes clés.
Pour le gouvernement béninois, cette initiative marque un tournant décisif. « Ce projet représente une étape transformative pour l’agenda de mobilité urbaine du Bénin », a souligné Romuald Wadagni, ministre d’État chargé de l’Économie et des Finances. Inscrit dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN), le Programme d’actions du gouvernement et le Plan de mobilité urbaine du Grand Nokoué, l’investissement mise résolument sur des solutions de transport à faibles émissions. Le développement du secteur de l’e-mobilité (incluant bus électriques, bateaux électriques et taxis-motos électriques) ambitionne d’offrir aux citoyens des modes de déplacement plus sûrs, plus propres et plus efficaces. « Notre partenariat avec l’AIIB repose sur une vision partagée d’une croissance durable et inclusive, fondée sur la confiance mutuelle et l’ambition d’un Bénin plus vert et mieux connecté », a-t-il ajouté.
Les retombées attendues sont significatives. Selon les estimations de l’AIIB, le projet desservira environ 270 000 passagers par jour dès sa première phase, pour atteindre 360 000 usagers quotidiens à long terme. Les bénéfices pour les populations locales se traduiront par une amélioration notable de la sécurité et du confort, une réduction des temps de trajet et une baisse de la pollution urbaine.
Dans une région dont la population devrait atteindre près de trois millions d’habitants à l’horizon 2030, l’enjeu est de taille. Aligné sur le Plan de mobilité urbaine du Grand Nokoué et le Programme d’actions du gouvernement II, le projet devrait également avoir un impact économique majeur, avec la création nette de 35 000 emplois liés au développement de l’e-mobilité, plusieurs centaines d’emplois dans les services de transport public et environ 1 000 emplois supplémentaires associés à la réhabilitation des infrastructures.
À travers ce partenariat inédit, le Bénin confirme sa volonté de faire de la mobilité urbaine un levier stratégique de développement durable, au service de la croissance économique, de l’inclusion sociale et de la transition écologique.
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