Un nouveau palier de crispation vient d’être atteint dans les relations déjà tendues entre Washington et Caracas. Samedi 20 décembre, les garde-côtes américains, avec l’appui du Pentagone, ont intercepté un deuxième pétrolier transportant du brut vénézuélien au large des Caraïbes. Washington justifie cette opération par la lutte contre le narcotrafic, tandis que Caracas dénonce un « vol » et un acte de « piraterie navale ».
Le navire concerné, le Centuries, battant pavillon panaméen, avait récemment accosté au Venezuela. Selon la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Kristi Noem, le pétrolier transportait du pétrole soumis à des sanctions américaines et ferait partie d’un réseau illégal destiné à financer le « narcoterrorisme » dans la région. Une vidéo diffusée par son ministère montre l’intervention d’un hélicoptère militaire et l’arraisonnement du navire en pleine mer.
Toutefois, le Centuries ne figure pas sur les listes officielles de sanctions du Trésor américain. Selon le New York Times, les autorités américaines ne disposaient pas non plus d’un mandat de saisie, contrairement à un précédent arraisonnement survenu le 10 décembre. Washington affirme néanmoins que le navire transportait du pétrole appartenant à la compagnie publique vénézuélienne PDVSA, elle-même sous sanctions.
D’après des données de suivi maritime, le Centuries avait chargé entre 1,8 et 2 millions de barils de brut Merey-16 au terminal José, au Venezuela, entre le 7 et le 11 décembre. Le cargo, qui effectuerait régulièrement des livraisons vers la Chine, aurait réalisé au moins sept exportations de pétrole vénézuélien depuis 2020.
À Caracas, la réaction a été immédiate. Dans un communiqué officiel, les autorités ont dénoncé « l’enlèvement d’un navire privé et la disparition forcée de son équipage ». Elles accusent les États-Unis de violer le droit maritime international. Le président Nicolas Maduro a promis de porter l’affaire devant le Conseil de sécurité de l’ONU et a ordonné à la Marine vénézuélienne d’escorter les pétroliers qui quittent les eaux nationales.
Cette saisie supplémentaire s’inscrit dans une phase de raidissement de la politique américaine.En début de semaine, Donald Trump a annoncé un « blocus total » contre les navires transportant du pétrole vénézuélien et n’a pas écarté l’hypothèse d’une confrontation militaire avec Caracas. Soumis à un embargo depuis 2019, le Venezuela écoule principalement son pétrole à prix réduit vers la Chine, une stratégie que Washington affirme vouloir neutraliser.
